vendredi 13 février 2015

Une virée à Belle-île

Un immense plateau, battu par les vents, offrant au ciel, ses gris taupe d'une fin d'hiver, le corps torturé des cyprès couchés, ou à terre,  après les dernières tempêtes, piquetés de pignons blancs sur toit d'ardoises.

L'île a quelques chose de Jersey, sans les Anglais, sans la foule puisqu'il y a, hors saison, assez peu de résidents. Sous le soleil, le lieu est magnifique, il prend aux tripes, galvanise, exalte! Dans le vent glacial du nord est, il tétanise mais se mérite largement, la mer reste turquoise entre les grandes falaises noires et vertes, rongées par les vagues!
A l'abri des petites maisons basses, on s'imagine écrivain, poète, en résidence, loin du monde, ce qui n'est pas peu dire! Comme partout en Bretagne, la campagne fut victime du remembrement, ce qui lui donne un air désolé, de fin du monde. Quelques chevaux, deux ou trois bestiaux peuplent les champs sans haie, cernés de barbelés, quelques tas de betteraves roses comme des petits cochons de lait, attendent d'être embarquées, rien par ailleurs. Une sévère association a réussi à obtenir que le littoral ne soit pas bétonné, les constructions se font dans le prolongement des hameaux existants, sans pouvoir édifier n'importe quoi et surtout pas toutes ces bâtisses à toit plat qui fleurissent aujourd'hui dans les lotissements du continent, nous faisant presque regretter les maisons à pignon blanc. Là, pas de hauteur, mais de la couleur, de discrètes extensions, un bâti respectueux du paysage, c'est heureux! 
Sous les toits le vent souffle fort, dehors il pince, épuise.
Hors saison, l'île est âpre, vide mais relativement authentique.
L'été elle doit être la proie des touristes, le royaume de la voiture!
Arriver et partir des îles est une expérience étonnante, à l'image d'une parenthèse. On ne peut s'empêcher de penser qu'on y est enfermé, tributaire du bateau, des horaires, de vouloir ou non la quitter.


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