A la croisée des chemins ou les plaisirs de la lecture!

Lire, oui ! Mais surtout apprendre à aimer lire!

Je rencontre ce matin l'institutrice de CP de mon fils d'il y a plus de 20 ans (ça ne nous rajeunit pas ça ma brave dame!). Nous papotons enfants, devenir, avenirs, petits enfants, retraite (oh mon dieu un gros mot). J'ai eu sa fille en cours en collège, il y a bien longtemps, puis en lycée, elle y fait son grand retour en tant que prof...

Le petite madame, guère plus âgée que moi mais déjà en retraite depuis des lustres s'esbaudit devant le succès du fils " ah mais je savais qu'il avait du potentiel, lui si, si ..." Elle n'achève pas sa phrase mais je sentais à quel point elle avait dû le prendre pour un crétin! Cependant, elle ne s'est pas étonnée lorsqu'elle apprend qu'aujourd'hui qu'il est géologue, il adorait déjà les petits cailloux dont il faisait collection!
En l'écoutant, j'ai eu une grande émotion me disant, combien, si on ne naît pas dans le bon milieu, il est facile de perdre pied à l'école.

De fin d'année, il abordait le CP après une école maternelle désastreuse, où je pense il avait souffert (pas tant mais  un peu quand même)! Plus tard, il m'avait raconté qu'ayant des difficultés à écrire, malhabile de ses doigts, la maîtresse le laissait tout seul, faisant juste ce constat qu'il n'y arrivait pas ... Comme toute mère qui se respecte, cet aveux m'avait transpercé le coeur.
L'apprentissage de la lecture n'avait pas posé de problème même si à la fin de l'année, il n'avait pas le débit aisé ni l'envie de s'y mettre. Ancienne institutrice, je subodorai le futur handicap en CE1 avec une maîtresse psycho-rigide, genre harpie qui le secouerait en vain sans vraiment l'aider ou lui donner confiance en lui. Je ne voulais pas qu'il soit définitivement écoeuré alors qu'il s'agissait de n'avoir pas été suffisamment entraîné. La maîtresse de CP était compétente mais n'avait probablement pas eu l'occasion de les faire lire suffisamment, les élèves plus jeunes ont parfois besoin de plus de temps.
Pendant les grandes vacances d'été, chaque jour, tous les soirs sans aucune exception, il avait lu à haute voix une page d'un dictionnaire Larousse CP-CE1.
L'idée était bonne et ludique, cinq à six mots avec des illustrations, la lecture à haute voix permettant la vérification, puis les échanges sur les différents sujets abordés.  A la rentrée, il avait plus que le niveau, une aisance évidente et n'a jamais perdu son envie de lire... 

J'ai très peur de démolir les élèves, on ne peut jamais savoir ce qu'ils deviendront, souvent c'est une réussite et l'on découvre avec bonheur qu'ils sont heureux dans ce qu'ils font une fois adulte! Haut les coeurs!