vendredi 30 août 2013

La retraite


Le mot retraite a toujours évoqué pour moi la première communion. Elevée dans le "bouffage de curé" quoique baptisée, il était hors de question de recevoir une quelconque éducation religieuse. Du coup, ce que faisaient mes petits camarades au catéchisme me semblait bien mystérieux. Je me sentais un peu privée, mais pas tant qu'au moment de  la cérémonie du couronnement, car les petits veinards partaient en retraite! L'endroit où ils se retrouvaient, avait forcément un parc, ils jouaient, et revenaient l'air contri, vantard, un poil plus cons qu'avant, du moins j'aimais m'en persuader. En même temps, je n'avais pas vraiment envie de poser trop de questions, je me sentais au dessus de ces grimaceries de curés, j'imaginais un  côté obscur et magique, persuadée, que tous ces mystères,  c'était foutaise et compagnie... mais, mais, mais .... 
Si la prière était efficace (pour avoir des bonnes notes, qu'il fasse beau, que Machin aux yeux si bleus se tourne vers moi)? Ma mère n'était pas exempte de contradictions, elle ne loupait aucune messe d'enterrement! Parfois même elle allait à la procession, ce qui ne collait pas vraiment avec les convictions affichées.
La retraite! 
Les futurs communiants se gardaient bien de raconter ce qui s'y tramaient, ils gardaient un silence mystérieux sur leurs activités, loupaient deux ou trois jours d'école et comble, le dimanche recevaient une montre pour "s'être communié"! 
J'ai dû probablement évoquer, à plusieurs reprises, l'envie de faire comme eux, puisqu'au même âge, mes parents m'en ont offert une, pour compenser la frustration, Lip, plaquée or, toute petite et très jolie que j'ai gardée et que j'ai encore. Il s'agissait aussi de montrer que la famille pouvait faire des cadeaux sans forcément faire des courbettes dans une église. 
Alors pour moi, la retraite, c'est d'abord une histoire de religion. 
Le mot évoque encore mon grand-père qui a travaillé jusqu'à plus soif dans la pharmacie du bourgeois local, le vieil Américain d'au moins 75 ans  qui nous accueillait chez Acme à Philadelphie d'un Welcome sonore en ouvrant la porte, ma mère en retraite depuis des lustres qui a longtemps gagné plus que moi, et qui a pleuré en quittant son boulot d'angoisse de n'avoir plus rien à faire, de mon père qui est mort avant d'en avoir profité, de la retraite de Russie (il neigeait, il neigeait de Victor Hugo), de mon futur dossier de retraite qui est arrivé un jour dans la boîte aux lettres,  truffé de conneries sur mon parcours professionnel, et curieusement sur le coitus interruptus, ben oui quoi la méthode du retrait.
Allez savoir pourquoi!

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