mardi 11 juin 2013

Au jardin


En juin on peut déjeuner dehors, enfin presque! 

Cinq personnes sont assises face au photographe le long du cabanon qu'elles doivent posséder en banlieue ou à la campagne. Le petit jardin est cerné de grillage et l'on aperçoit la maison voisine. C'est un beau cabanon, fait de belles planches standardisées; il est  doté d'un solide toit qui déborde sur la porte d'entrée. La fenêtre, ou plutôt le volet est ouvert, les rideaux sont tirés.  Un canotier est accroché à la patère faite de deux branches taillées, près de la pioche au repos. Un seau tout cabossé, quelques buches, sont rangés près du pied de porte.
Le photographe n'a pas d'assiette ni de chaise, il est de passage  mais il est bien là, la famille fixe l'objectif, à l'exception de celui assis en bout de table. Celui-ci est en chaussures de ville vernies, il a tombé la veste du costume, celle-ci bien pliée est posée derrière lui sur un tabouret, son gilet est déboutonné, ses manches retroussées, il se détend mais l'air est triste ou plutôt nostalgique.
Un couple est en chaussures ouvertes blanches, sous la table, sombre, elles tranchent avec l'herbe haute piétinée. L'homme a gardé son béret qui fait corps avec sa tête, la femme est en gilet sur une robe à col croisé, à carreaux,  boutonnée sous le cou.
Tous sont venus à la campagne ou rendent  visite à une mère, celle qui trône sous l'arbre maigrichon, un drap la protège d'un petit air frais car elle a les bras nus. Elle pince du bec, aurait dit mon père, pour caractériser quelqu'un qui fait la tête, ou ne sourit pas. La scène me fait penser à lui, qui était pourtant plus jeune que ces gens, il n'était pas né lorsque cette photographie a été prise.
La fille entre les deux hommes, en blouse  a le regard goguenard. A y bien regardé, elle a l'air bien jeune et ressemble comme deux gouttes d'eau à l'homme en béret.
Cinq bouteilles trônent sur la table, deux  sont presque vides tandis que trois attendent qu'on les entame. Les verres sont pleins devant les assiette creuses. Une toile cirée ou une nappe brodée recouvre la table qui est solidement plantée sur l'herbe tandis que les chaises ont besoin d'être équilibrées sur des planches de bois. Pas question de bouger. 
C'est dimanche lors d'un repas à la campagne, sur les bords de la Marne?

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