samedi 9 février 2013

Django unchained


Je n'ai pas dormi pour le dernier Quentin Tarentino, Django Unchained. Non point! 
Après Killer Joe, enfin un film où je ne m'empaffe pas dans le premier quart d'heure (certes, j'avais fait une petite sieste d'une heure dans l'après midi...).
En vrac, et en oubliant probablement l'essentiel, j'ai aimé la musique variée et très appropriée, la carriole qui brinquebale sur le coucher de soleil, la dent qui balance au rythme des chevaux, la boue, les dialogues, pas besoin des longs discours de Lincoln sur les brutalités de l'esclavage, la stupidité et la cruauté des blancs dits civilisés. Di Caprio est excellent dans le rôle du crétin méchant (où comment des yeux bleus peuvent aussi refléter la méchanceté). Tous les acteurs font oublier qu'ils le sont, y compris les seconds rôles et les figurants  qui réussissent à exprimer dans leur regard toute l'admiration qu'ils ont pour l'esclave affranchi, On sirote comme des bonbons la diction de Christophe Waltz,  le dentiste humaniste mais chasseur de prime et tueur sans état d'âme. On s'identifie au héros Django, notamment quand il chevauche à cru vers la libération de sa dulcinée. Il faudrait aussi évoquer toute la flopée de tordus, au physique improbable, cow boys dégueus, aux cheveux gras et  aux dents pourries. J'ai adoré l'excellence des reconstitutions, pour une fois, un film sur une époque révolue, 1858, respecte au poil près le réalité sanitaire d'un temps sans hygiène puisque même Di Caprio a un sourire à faire pâlir d'envie un dentiste. 
Les scènes et les images sont ciselées, rien n'échappe à la précision, dont un des symboles est assurément le dressage de la table par les esclaves de maison, qui, ayant posé l'assiette et les couverts mesurent avec deux doigts la distance avec le bord, tout en en caressant d'un geste délicat, le set de lin brodé.  
Malgré la dureté des images, du propos et la violence de l'esclavage, ce film est un véritable bonheur, un vrai plaisir. On en sort réjoui, nonobstant les litres de sang qui maculent les murs comme des vagues déchaînées, non exemptes de poésie, cependant,  lorsque celui d'un esclavagiste imbibe les fleurs de coton.
Du grand art. Je pense vraiment qu'il s'agit d'un chef d'oeuvre, je pèse mes mots, cela faisait longtemps que je ne m'étais pas plu à décortiquer ce qui en fait l'essence. Rien, vraiment rien, n'est laissé au hasard ou à l'à-peu-près.
Et pourtant nous étions dix dans la salle, il ne va pas faire longs feux sur nos écrans provinciaux, remplacé probablement mercredi par quelques navets insipides.

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