samedi 12 janvier 2013

AA

Il est des addictions terribles. 
L'alcool en est une.
On peut très vite prendre l'habitude du verre ou des verres sirotés chaque soir, du goût de l'ivresse que l'on imagine maîtrisée, juste ce qu'il faut pour se sentir flotter, faire passer un coup de blues.
Le problème est que chaque soir, l'envie devient de plus en plus irrépressible, jusqu'à penser ne plus pouvoir s'en passer, être obligé de lutter afin de ne pas craquer pour finir par craquer!
Pas beaucoup, juste un peu, mais tous les jours, l'activité interpelle. 
En soirée, c'est très vite fait de se lâcher, au point, qu'une fois désinhibé, on dit n'importe quoi. 
Le vin, c'est bon! 
Mais qu'aime-t'on? En boire ou la sensation qu'il procure? On commence, je pense par le goût comme on savoure un chocolat, une sucette, mais, alors qu'on sature très vite avec un bonbon, des huîtres ou une bonne tartine de rillettes, cette saloperie s'infiltre pour vous suggérer de remettre ça: encore un verre, et encore un, jusqu'à plus soif. Juste pour la griserie, le flottement, l'espèce de bien-être qu'on a l'impression de ressentir. En fait, il n'en est rien, on est juste resté stone sur le canapé, à ne rien faire.
L'excellent téléfilm ce soir sur Arte, un singe sur le dos,  de Jacques Maillot,  décrit cette descente aux enfers, qui plonge l'alcoolique dans la violence puis la déchéance. L'acteur, Gilles Lelouche, qui pour une fois n'en fait pas trop, interprête avec retenue Francis, devenu clochard. Les seconds rôles, Carole Franck en tête, Marc Chapiteau, semblent tous plus vrais que nature, ils rendent les personnages, beaux lors de leur réunion aux Alcooliques Anonymes,  terriblement humains,  sevrés et fiers d'eux, conscients que cette maladie ne peut jamais guérir. Ils sont alors capables de tendre la main à leur frère, leur soeur afin de les soutenir dans leur volonté de s'en sortir. 
Dans leur regard, on sent les vacillements de leur âme, toute la fragilité de leur existence suspendue au verre plein qui traîne sur un comptoir, aux chocs affectifs qui les touchent à nouveau. Le metteur en scène n'explique pas pourquoi ils sont "tombés" dans l'alcool, ce n'est pas le propos, mais il montre leur résurrection, leur volonté de s'en sortir, pour eux d'abord puisqu'ils sont souvent toujours très seuls, ayant tout perdu. Je préfère largement ce téléfilm au film, le dernier pour la route avec François Cluzet, plus artificiel.
Sans alcool, ils se reconstruisent  comme Louis qui,  après 10 ans d'abstinence, remonte un groupe de rock et interprête la ballade des pendus de François Villon.
Frères humains qui après nous vivez
N'ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, se pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tost de vous merciz.
Cette semaine, j'ai également vu Shame concernant l'addiction au sexe, et j'ai appris que cela pouvait être terrible et destructeur: un film de Steve McQueen (2011) avec Mickaël Fassbinder (physique superbe) et Carey Mulligan.

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