samedi 29 décembre 2012

Pensées délétères


" Elle se sentait légère depuis quelque temps, plus obsédée par la pensée de lui. Comme si le coin enfoncé dans son crane, énorme, de la taille à supporter une poutre centrale dans une salle de ferme,  qui l'occupait depuis longtemps, sortait de son encoche, glissait lentement vers l'extérieur, libérant un air pur et nouveau, un espace libre aux autres.
Certes, elle avait l'habitude de ces périodes aériennes, et elle savait que ce temps, comme suspendu, ne durait que quelques jours, que les vieux démons finiraient par ressurgir, souvent par le plus grand des hasards. Mais le fait était là,  la présence était plus lourde à vivre que l'absence.
Elle aimait les tempêtes d'hiver, violentes, contre lesquelles avancer relevait de l'exploit, courbée en deux, face au vent, sur la lande qui n'est plus. Hier, lors d'une promenade d'une heure, elle se sentait comme la plume, léger duvet de mouette ou de goéland, virevoltant au dessus des algues échouées, valsant dans l'air frais et humide du chemin côtier. Elle n'avait pas l'impression de marcher, tout était facile dans le souvenir vécu de promenades identiques mais épuisantes. Elle voyait son corps tourbillonner à la manière de l'écume des vagues, en petits paquets mousseux, jaunis, qui courent au dessus du chemin. Ils avaient chercher à les attraper, ils s'étaient dissous entre leurs doigts, inexistants et pourtant si présents juste avant de les saisir. 
Son esprit vagabondait entre mafias russes, col de fémur, vélos de course et course à pied, agréablement bercé par une conversation tranquille, à l'image de cette journée, soudain apaisée."

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