vendredi 28 décembre 2012

Odeurs ...

Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison !
A sept ans comme il faisait bon,
Après d'ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison !

La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées,
Sentait l'encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières
Amassées par tout un été.

.... René-Guy Cadou

Amis poètes, bonjour!
En voyant ma copine, ce matin, le foulard sur le nez, braillant qu'il était hors de question de rester dans l'entrée compte tenu de l'odeur de vomi qui se dégage des lieux,  j'ai pensé à cette poésie apprise petite en CE1. Ce sont les seuls vers dont je me souviens de toute ma carrière d'écolière et Dieu sait, si à l'époque on en apprenait des kilomètres ( je me rappelle également  ce refrain de Victor Hugo  " il neigeait, il neigeait".. concernant la retraite de Russie, il m'avait fortement impressionnée...).

Chez moi, depuis deux jours, ça sent le ranci, le vomi, l'aigre, la boue, bref, ça puire... et je pèse mes mots. Les terres grises, puisque c'est comme ça qu'il faut les appeler, doivent tapisser le sol sous les meubles de cuisine que l'on ne peut déplacer. L'odeur est aussi forte que des algues, sur la plage, en putréfaction, les embruns et l'air iodé en moins. Nous allons devoir prendre notre mal en patience, quoiqu'on s'habitue à tout au point de ne plus rien sentir... Coup de bol, ce ne sont pas des terres noires, en gros de la merde, c'est moins pire! L'attitude de ma copine à deux doigts de s'évanouir m'a surprise: "Comment, me suis-je dit, cela sent si fort que ça ?"
Faut croire!
Elle n'est pas morte et nous non plus, comme ces fossoyeurs qui passaient autrefois l'arme à gauche en ouvrant les cercueils, terrassés par les émanations toxiques. Nous n'en sommes pas là, mais c'est comme une seconde peau, l'odeur colle, il nous semble la traîner partout, à la manière de tanneurs les pieds dans les bacs de peau. Les enfants la traquent sur les paquets de brioche, les morceaux de sucre qui restent dans les placards car nous n'avons pas songé à les enlever. Les tiroirs restent grand ouvert afin d'évacuer la pestilence, accélérer le séchage, le croûtage salutaire. 
Nous vivons donc fenêtres grandes ouvertes.
Joyeux Noël! 

1 commentaire:

  1. Magnifique ! Après les billets sur les pieds, le nombril, le bac à graisse et la cuvette des WC, une petite pause montagnarde va être la bienvenue pour un bon bol (une bonne goulée se dit aussi dans certains parages) d'air frais. A nous les cimes !

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