samedi 29 septembre 2012

34h


C'est le nombre d'heures, en moyenne, par semaine, qu'a un élève de lycée en section générale. A cela il faut ajouter les trajets en bus, métro ou autre, entre 10 minutes et parfois 45 minutes et pas qu'à Paris! Dans les petites villes, le bus ramasse tous les élèves le long d'un long circuit qui nécessite au premier, sur le chemin du ramassage, de quitter la maison à 7h05, quant à ceux qui habitent à la campagne, il faut souvent démarrer dès 6h45.
L'élève Truc arrive donc le soir chez lui, lorsqu'il finit à 17h30-18h, à 19h au plus tard.
L'emploi du temps est blindé, l'ado rebelle a 9h de cours  le lundi, et ce n'est pas la faute des profs qui ont, aussi, un emploi du temps merdique. Depuis quelques années, l'objectif étant de nous faire rester dans l'établissement le plus longtemps possible, la tendance est à multiplier les trous par-ci, par-là, certes nous sommes adultes, et pas du tout soumis au même régime que les gnenfants. Les allègements de programme afin de diminuer la pression scolaire, n'ont servi à rien, bien au contraire, tout le monde a l'impression d'en faire plus, du moins autant, même si parfois c'est différemment, comme pour l'accompagnement personnalisé. Celui-ci, bien souvent, n'a d'accompagnement personnalisé que le nom (des groupes de plus de 20 élèves!). Cependant, le système se met lentement en place, il y a fort à parier qu'on le supprimera quand il sera au point. En réalité, la charge de travail a augmenté puisque chacun a gagné une classe supplémentaire de 35 élèves avec les nouveaux programmes qui vont avec et qui risquent encore de changer avec la nouvelle politique, si nouvelle il y a (on a tendance à faire du neuf avec du vieux). L'augmentation du nombre d'options ne facilite pas vraiment la composition des sacro-saints emplois du temps, ni les temps partiels et les compléments de service des enseignants dont ils ne sont absolument pas responsables.
Comment caser 9h de cours? L'addition est simple, l'enfant commence à 8h du matin, mange au lance-pierre, reprend à 1h et termine à 18h.
La journée est loin d'être finie pour autant. Il doit se remettre au boulot après le dîner afin de finaliser son travail, voire de se mettre à jour pour les leçons du lendemain. Les programmes ayant changé, la tendance étant de rendre autonome les élèves et de faire en sorte qu'ils soient maîtres de leur destin, il leur faut faire des recherches, les exercices, apprendre, complèter les cours, etc....
Mon ado finit souvent vers 23h. La pause repas-du-soir-plus-belle-la-vie-grand-journal, pour rigoler et aborder les "sujets de société",  est essentielle afin de décharger le trop plein, y compris quand on peut, au goûter du 4h... Le reste du temps, il faut caser les activités sportives en clubs, la musique, les pratiques hors temps scolaires afin qu'ils puissent se défouler sans évaluation. Et dormir....
Certes, ils abordent tout ça avec pas mal de philosophie, sauf certains que l'on voit maigrir à vue d'oeil, y compris des garçons. La plupart est habituée et gère comme elle peut, je suis souvent très fière d'eux, car ils réussissent bien ...
Mais l'enjeu en vaut-il la chandelle?
Qu'auront-ils retenu?

vendredi 28 septembre 2012

The Skylab.


C'est avec un peu de retard que je viens de voir le film de Julie Delpy, le skylab. C'est un petit film français comme on les aime, bien qu'un peu longuet. Il aurait gagné en peps si il avait été un peu plus court. Cependant, le film est un petit bijou, il témoigne des  années 70, entre cols pelle à tarte, Joe Dassin, roulage de mécanique, alcoolisme (ça se passe en Bretagne et les hommes boivent comme des trous), 4L, Renault 16, boom et camp de naturisme. Sur la photographie, le petit gars qui joue Robert en vélo bleu sur la droite est absolument extraordinaire, on croit totalement en son personnage et en vient à se demander ce que le vrai Robert est devenu dans la vie?
Les dialogues sont libérés par mai 68 passé par là, mais le souvenir des guerres reste très présent, elles ont marqué les grands-mères, traumatisé les fils qui sont allés en Algérie et n'en sont pas tous revenus, ou sont restés marqués dans leur chair: les hommes sont durs, ils torgnolent, font la gueule, boivent, pleurent aussi, sourient assez peu. Ils ont le regard dur, il s'agit de se faire respecter, de ne pas laisser les garçons pleurer, ni jouer à la poupée. Certains sont racistes plus par ignorance que par bêtise (parfois les deux).
Les femmes sont un poil plus légères, mais soumises et liées à des maris machos, menés par leur quéquette.
Seul, le couple d'artistes parisiens, probablement inspirés des  parents de Julie Delpy, semblent moins arriérés, moins englués dans le quotidien, plus ouverts au monde et à l'actualité.

Je garde de ces jours de fête, des souvenirs identiques, on passait des heures assis à table, tandis que les adultes picolaient. On repartait le soir à la nuit, mon père n'y voyait que tchi, il roulait à gauche, on poussait des hurlements de trouille et c'est une chance qu'on ait pas fini empafés sur un arbre ou qu'on n'ait pas percuté une portée de marcassins qui traversaient les routes de campagne derrière la laie puisque mon père n'y voyant rien et franchement éméché, roulait à 40km/h.

jeudi 27 septembre 2012

Extrême fatigue ...


Franchement il y a des jours où je traîne une intense fatigue qui vient de je ne sais où. Hier matin, je n'ai pas entendu mon réveil, l'ado rebelle est venue me réveiller, un comble (Pensée pour moi-même: elle est bien éduquée, elle a fait son devoir alors qu'elle aurait peu rester farnienter au pieu, elle a acquis une certaine conscience professionnelle).  L'après midi, dans la salle d'attente du dentiste (dentiste préféré, tu me sers d'alibi), je me suis demandée si je n'allais pas carrément m'allonger par terre afin de récupérer! Rien qu'à l'idée de sentir sous le dos, quelque chose qui ressemblait à un lit, m'a fait du bien. Pour autant, une fois chez moi, je ne m'y précipite pas (au lit) mais je pose mes fesses sur une chaise longue où je ne tarde pas à m'endormir comme une masse, c'est mon ronflement que je sens grotesque, qui me réveille! (j'ai l'impression que je suis dans une porcherie coincée comme un goret le long des tétons de la truie, il fait chaud, c'est doux et le ronronnement de la gorge me berce. Mais où vais-je chercher tout ça?)
Je pratique la sieste éclair de 10 à 30 minutes mais quand je suis pressée, j'expédie une  micro-sieste de 5 minutes,  le top du top, et il est rare que je m'abandonne à la sieste royale (plus d'une heure), le réveil après cette dernière et la remise en route étant très lents. 
Je n'irai pas jusqu'à m'endormir dans la baignoire, j'aurais peur de me noyer ou de me réveiller baignant dans un jus froid! Non non, moi mon kiffe, c'est la chaise longue ou le n'importe où pourvu que la sieste soit intense, bienfaisante et récupératrice ...

Hier je me suis traînée inexplicablement, aujourd'hui, mieux, et je me suis forcée à aller courir puis à tailler mes buissons, enfin à me baigner. J'avoue que me secouer m'a remis les pendules à l'heure mais demain, demain ..... Ne vais-je pas, pendant le devoir du matin, fermer les yeux entre mes deux mains, genre "je lis le journal, ... mais en fait je plonge dans cinq minutes de sieste bienfaisante pendant que vous planchez sur vos dissertations?" Là, j'ai peur de m'écraser le nez sur les articles, de tomber de ma chaise ou de me réveiller en sursaut en poussant un cri après un cauchemar,  voire de ronfler. En général, je le fais discrètement, je vais au fond de la classe et je m'appuie sur le mur mais dans une salle où les tables sont en U c'est beaucoup plus difficile .... 
Reste le stimulant, café, amandes, lecture excitante, bref, .... 

Je vais prendre un requinquant, un truc fort qui met en forme!

mercredi 26 septembre 2012

Ecole normale....


L'école normale, l'école maternelle, deux expressions qui aujourd'hui m'interpellent!
D'où viennent-elles?
Qui a eu l'idée d'appeler ainsi une école professionnelle pour les hussards noirs de la République? Il y avait l'école normale supérieure qui existe toujours, réceptacle de l'élite de la nation et l'école normale primaire, (inférieure) dont le prestige se perd avant la guerre.
Dans les années 70, il ne restait plus dans les chefs lieux des départements, qu'une école normale, la moins dégradée et la moins vétuste. Chez moi, on avait conservé celle des filles, un espèce de grand bâtiment du début 20ème siècle, froid, aux murs peints en vert clair façon cuisine, aux fenêtres immenses et grises qui ouvraient sur un jardin avec parterre cerné de buis (un jardin de curé!!). A l'arrière, une immense cour et un vieux gymnase.
On en entrait à l'école normale après le bac comme on entre en religion, dans les petites villes sans université, cela signifiait quitter les copains-copines qui allaient, eux, s'éclater à Angers, Rennes ou Nantes. L'école comptait deux promos mixtes de 40 élèves, 20 filles et 20 garçons, les premières ayant eu 20 en dictée en 3ème, les seconds n'étant qu'une poignée à avoir atteint cette excellence.
On s'y emmerdait ferme avec des professeurs chenus qui ne nourrissaient pas vraiment ces futurs maîtres et maîtresses de 18 ans que nous étions, plongés très jeunes dans la vie professionnelle. Ils avaient vécu peinards, 30 ans à enseigner ce qu'ils ne savaient pas faire eux-mêmes devant des élèves. Leur ignorance suintait de l'ennui qui émanait de leur enseignement. La pire était une grosse prof de gym (l'appellation à l'époque ne faisait pas sauter en l'air les professionnels de l'effort physique) rousse, feignasse qui tirait à longueur de temps sur de longues clopes mentholées et dont le plaisir était de nous voir courir sur un terrain en nous foutant des baffes dans un vieux jeu collectif moyen-âgeux qu'elle avait remis à l'ordre du jour, la goule .... (ou quelque chose du genre). Je la haïssais moi qui me sentais nulle, je refusais de participer.
On allait en stage chez de vieux instituteurs, mentors, qui transmettaient leur savoir-faire, pratiques dont j'ai honte aujourd'hui, mais c'était la norme!
Le pire était pour moi de se retrouver à l'école maternelle,  autre dénomination étonnante pour un métier pour lequel je n'étais absolument pas formée. Torcher à longueur de temps, une trentaine de  bébés d'à peine trois ans .... à 18 ans, non merci, déprime garantie!

dimanche 23 septembre 2012

On m'écrit ....

J'ai reçu un mail d'une ancienne élève, je le publie en entier car il est très bien écrit, instructif. Cette jeune fille à l'évidence a un sacré talent d'écriture qui ne demande qu'à s'épanouir, je le découvre! Je l'ai encouragée à continuer...
Ce billet est adressé à ses meilleurs profs!

"Bonjour M.LM.... !

Comment vous portez-vous en ce mi-septembre? La rentrée s'est-elle bien déroulée?
Je vous écris pour vous raconter un peu mon entrée à l'UFR Sciences et Techniques de xxx.
Cela fait un peu plus d'une semaine que nous (C. G., aussi ancienne TSA est avec moi, ainsi que T. B. ancien TSB) avons commencé les cours magistraux. Certains professeurs dictent, d'autres écrivent au tableau, d'autres lisent leur diaporama, tous ont leur manière pour faire leur cours. Si on regarde bien, les cours magistraux, ce n'est pas plus compliqué que les cours du lycée, bien que nous sommes plus de 200 en section Biologie-STU-Chimie, il suffit simplement de se mettre dans la première partie de l'amphi et surtout bien au centre, tout en espérant ne pas avoir une personne trop grande devant nous ou qui jacasse sans arrêt. 
Les cours sont, je trouve, géniaux et passionnants ! Le cours de biologie végétale est assuré par un professeur marrant et animé qui nous a presque tous perdus au premier cours avec son discours où se mêle à la Biologie, la Philosophie, nous faisant souvent perdre le fil et surtout "pourquoi de la Philosophie en Biologie" ? Il nous a parlé de "Newton, nous expliquant la méthode Réductionniste, marchant pour la Science hormis la Biologie, qui est donc une science pas comme les autres, d'où les sciences". Des choses comme ça.
 La semaine prochaine nous auront une sortie durant laquelle nous ramasserons feuilles, plantes et fleurs afin de faire un herbier. Commenceront aussi les Travaux Dirigés, bien que je n'ai pas trop compris leur interêt, à part de pouvoir poser des questions.
Sinon la vie à xxx est totalement différente de la vie à yyy et ses environs. Hier nous étions jeudi, ce qui signifie soirée étudiante. Je ne conseillerais à personne de sortir ces soirs-là. Les étudiants sont littéralement hors service, trainant dans les rues avec leurs bouteilles d'alcool vides, ou en train de brailler ou bien, comme hier, de grimper en haut d'un panneau de signalisation. Mais sinon c'est une ville agréable, surtout quand on est piéton et que l'on va plus vite que les voitures. C'est marrant.
Si ma "petite histoire" vous a quelque peu fait rire, vous pouvez la partagez avec Mme M. et Mme F.
Sinon avant de vous souhaiter une bonne journée, avez-vous entendu, -bien que cela date d'il y a quelques mois et que je ne sois au courant que depuis une semaine-, parler du Boson de Higgs ? On n'en avait, en tout cas jamais parlé en cours, lorsque nous avions abordé le sujet sur la gravité. Au moins ça peut donner de l'espoir pour les Biologistes, "que, eux aussi, trouveront une/la preuve ne mettant plus en doute l'existence de LUCA".

Bonne journée,
MB.

Ps : 100% de réussite en Terminale SA ! Nous avons été de bons élèves, que votre classe de cette année fasse de même, ça serait génial !"

samedi 22 septembre 2012

Addict

Ayé, je suis addict au jardinage. Ce n'est certes pas nouveau mais, je suis en train de tailler les massifs et je ne m'en lasse pas.... Après avoir éradiquer à grands coups de taille-haie électrique, je fignole au sécateur et tente de faire des étages du plus bel effet pour la vue du salon. 
C'est sans fin car je suis en train de me dire que cet oranger du Mexique à qui j'ai jeté un sort, il y a une semaine, est encore un poil haut, il serait nécessaire de le raser derrière les oreilles afin qu'il permette au regard de porter jusqu'à l'arbousier, mais la vue du petit pont sur la mare est superbe, que faire? 
La taille est essentielle afin d'avoir un beau jardin. Cependant, point trop n'en faut!
Mes voisins, obsédés, ont toujours des haies rasées, à tel point que l'on voit au travers, façon claire-voie. Il y en a un qui sculpte tout en format grenade laissant entre chaque buisson un bon mètre, ce qui défigure totalement la vue. De la rue, on a l'impression qu'il entretient un champ de couilles, affirmant, haut et fort, sa virilité dans le quartier. 

Le travail est infini, il me reste des mètres et des mètres de haies à tailler, de déchets végétaux à ramasser, de parterre à désherber, de graviers à ratisser, de pelouse à tondre et quand j'aurais fini de nettoyer un nouvel espace, il me faudra revenir au premier.
Et puis il y a les plantes sournoises, aux racines peu profondes mais qui rampent. Celles-ci se multiplient comme du chiendent. On n'est jamais sûr de tout avoir arraché même en faisant usage du couteau!
Mais j'aurai leur peau!

jeudi 20 septembre 2012

Morue salée

J'entretiens un rapport étroit (j'avais envie de dire intime) avec la morue. C'est un produit qui a enchanté mon enfance.


Que je vous raconte! 
Nous allions, petits, en vacances à Saint-Malo, port breton spécialiste de la morue. Elle était stockée, dans les années soixante, dans de grands hangars sur les quais, on ne la voyait pas mais on la sentait, c'était une infection, il faut bien le dire. Cependant, on savait  qu'il y avait quelque part, au large de Saint-Pierre et Miquelon, des travailleurs de la mer qui s'usaient l'échine à la pécher. 
Mon deuxième souvenir concernant la morue (hormis l'insulte dont on pouvait se servir à satiété) concerne le jour où ma mère a décidé d'innover en cuisine, en faisant pour un soir, de la morue-purée. Une chouette idée, pour une fois qu'elle remplaçait le jambon purée ou le rôti de porc froid cornichon, par un plat original et nouveau. On se réjouissait, tant les recettes peuvent être excellentes ; Sameplayer, d'ailleurs, est expert pour concocter un plat morue-patates-ail, beurre (huile d'olive?) .... 
Ma mère ayant acheté le produit, qu'elle a trouvé sans aucun doute prête à l'emploi car un poil molle,  l'a cuisinée telle quelle et nous l'a servie, un soir terne et gris, volets fermés le noir de l'hiver qui tombait. 
C'était littéralement immangeable, tellement salé, qu'il fallait l'émietter en tout petits morceaux, et les mettre dans une grosse cuillère de purée (sachet) pour faire passer la pilule .... Pas question de jeter cette merde, on a tout avalé, haut les coeurs! 
Résultats, une gerbe trois heures après, une soif terrible, difficile à étancher! 
Je hais la morue, toutes les morues (d'aucuns me comprendront), et c'est avec grande méfiance que je teste les plats (portugais) à base de morue ...
Aujourd'hui, je m'imagine me lever, et jeter le tout à la poubelle .... Las!Je n'ai pas pu à l'époque....

Habemus papam ....

Du rouge à profusion, des vieux en train de jouer au volet ( je suis vraiment fatiguée!) volley... un psychanalyste barbu qui se prend pour un entraîneur ... c'est à peu près tout ce que j'ai vu du film Habemus papam, vautrée sur mon canapé un soir de journée de boulot après un petit footing pépère, un bain dans de l'eau glacée, un frichti mitonné à ma fille qui se plaint qu'elle n'a jamais à manger et pof, plaf, plouf, gros vautrage sur le canapé, enveloppée d'une couverture en mohair, toute la soirée dans un demi-sommeil de vieille qui veille à demi.

Peu reluisant!
Là, vers 23h, une seconde vie commence, j'entame un billet, puis je vais aller me plonger dans le dernier bouquin en cours,  Lionel Duroy  L’hiver des hommes », éd. Julliard, 360 pages, 20 euros. 
Livre étrange, à la fois, touchant, simple au premier abord, insignifiant mais instructif pour qui lit entre les lignes, livre inquiétant, qui raconte comment pénétrer  l'âme serbe de ceux qui se perçoivent comme victimes d'une guerre qu'ils ont menée jusqu'à l'inhumanité....  Pourtant proches de chez nous, on connaît assez peu les Balkans. J'y suis passée il y a des lustres,  du temps de la Yougoslavie, dans un train où le gras et la sueur suintaient des sièges du train et coulaient le long des vitres. Le passage de la frontière constituait un traumatisme, on nous hurlait dessus en nous prenant nos cartes d'identité, qui étaient rendues à la frontière grecque, les types étaient bottés et encasquettés comme des nazis, ils nous fichaient la trouille.
A Belgrade, près de la gare dans un jardin public en friche où zonaient quelques types patibulaires, nous avions mangé des yaourts à se damner, à un prix défiant toute concurrence. La boue, que la pluie d'été avait laissée, rendait le parc inhospitalier et c'est avec soulagement que nous avions retrouvé le cocon de la cabine du train.
Le passage vers le soleil grec fut ensuite un véritable bonheur, nous avions eu l'impression d'arriver en pays libre. De la Yougoslavie d'alors, je n'ai rien vu mais l'ambiance était sombre dans les années 70 et peu engageante.

mercredi 19 septembre 2012

La Mer Morte


La Mer Morte est vraiment morte!
Il n'empêche s'y baigner constitue une expérience à la fois inoubliable et traumatisante.
On y va sous un cagnard à 48°, sans un pet de vent, dans le bleu et le blanc éclatant des concretions salées. 
Des thermes,  un tracteur qui tire une trâlée de wagonnets vous y emmène en maillot de bain, lunettes obligatoires, chapeautés et tartinés de crème solaire.
Il est impossible de marcher sur la croûte de sel, épaisse,  cristallisée en vaguelettes aux arrêtes tranchantes. La plante des pieds cuit à petit feu comme de la couenne de cochon sur le gril. 
L'immersion doit se faire lentement sous peine d'éclaboussures toxiques, une goutte dans le nez ou les yeux piquent tellement que le rinçage doit être immédiat. Sameplayer en a fait la triste expérience!
La densité de sel est telle que  j'ai eu le sentiment d'être dans de l'huile. 
Il convient de se tartiner au préalable de boues ramassées à la main, de sécher ensuite au soleil sur des chaises et s'immerger afin de se rincer. Des Hollandais avaient le bon goût de se rouler dans la flaque de boue, afin de ne rien laisser au hasard, un facétieux a même glissé dans le slip de son camarade une poignée de la précieuse "crème".

La douche d'eau douce est un bonheur indicible et le toucher soyeux de votre peau vous remplit de bonheur.
Ne rien exagérer non plus.... 
Cela dit le commerce des boues de la mer morte est florissant!Je me demande bien ce qu'ils ajoutent en plus car elles ne sont pas brunes mais noires, il est probable que la couleur a un effet thérapeutique indéniable.

Notes pratiques: 
On peut très bien ne pas passer par les thermes. Au pied du kibboutz d'Ein Guedi, se trouve une plage en accès libre avec douches.
Pour les plus fortunés, il est intéressant de passer une nuit ou deux au kibboutz-hôtel qui offre en prime deux séances basiques aux thermes (avec bain dans la mer morte). Il est situé dans un parc botanique magnifique, à l'entrée de la vallée qui vous fait pénétrer dans le désert (pas en été de préférence, trop chaud) et proche de Massada. Le restaurant est excellent, le buffet grandiose, matin et soir. Les jeunes préfèrent l'auberge de jeunesse située tout près.

mardi 18 septembre 2012

Un observatoire sur la violence


Vu de loin j'ai l'impression que l'éducation nationale est bien surveillée, analysée, décortiquée, observée à la loupe. Après la vague de violence dont ont été victimes des professeurs ou des élèves, le nouveau ministre crée un observatoire de la violence scolaire, afin de mieux connaître les réalités et de mettre en place un dispositif de prévention ... En principe un truc pas théorique ....
Etats des lieux, enquêtes, concertations, on connaît à l'éducation nationale, tous ces observatoires qui en sont responsables ont probablement un coût dont on ne nous dit rien mais qui serait aussi utile à la formation des adultes qui encadrent ou au développement de formations,  d'activités autres et de structures plus agréables pour les enfants.
Au contraire, les formations sont réduites comme une peau de chagrin, les locaux, le matériel sont souvent obsolètes et le professeur travaille et met en place les réformes sans être formé ou si peu.
Je ne suis pas sure qu'un ultime observatoire réglera les problèmes de violence, ni le malaise qui règne actuellement ....
Je suis pourtant d'accord avec notre ministre la façon d'évaluer les enfants à quelque niveau qu'il soit est brutale, mais changer les mentalités, les procédures,  ne peut se faire sans formation.
C'est un cercle vicieux.
Pour la première fois des documents transmis par voie de mail évoque les travaux  d’André Antibi , "les enseignants se sentent obligés inconsciemment de mettre un certain pourcentage de mauvaises notes .  Il faut éradiquer cette constante macabre. Par ailleurs, les conseils de classes peuvent cesser d’être des instances rituelles ou des psychodrames pour devenir des bilans de progrès assignant des objectifs réalistes propres à chaque élève".
.... Y aurait-il du changement afin d'éviter de désespérer notre jeunesse ?

lundi 17 septembre 2012

Killer Joe



Voilà un film dans la tradition des Fargo ou No Country for old men, en plus saignant, je pense.
Je ne raconterai pas le début de l'histoire, les critiques l'ont fait avant moi, sans, pour une fois, en dévoiler la substantifique moelle. Je vous encourage vivement à aller le voir, tant le suspense est total. Les paysages sont magnifiques sous les ponts des échangeurs autoroutiers, près d'un grand huit, des lignes à haute tensions et dans les  quartiers industriels de Dallas. 
Les acteurs, une fois de plus, sont remarquables, criants de vérité: en vrac, le chien T-Born T-Bone qui n'aboie que sur les faibles, la vierge Dottie (Juno Temple), le flic méchant, ripou et pervers (Mathew McConaughey qui trouve là, le rôle de sa vie), le père ahuri et le fils totalement crétin. Il faut être excellent afin de jouer de tels rôles au point qu'on y croit dur comme fer.
Cependant, comment l'Amérique pudibonde a-t-elle pu produire un tel film (souris d'or à la Mostra de Venise en 2011) adapté d'une pièce de théâtre? Certes, pas de scènes de cul mais du sexe torride, de la violence, des dialogues aux petits oignons.
Un régal mais âme sensible s'abstenir. 
Vous ne mangerez plus jamais de pilons de poulet frits et panés sans arrière pensée!
http://www.sortiedesecours.info/killer-joe-de-william-friedkin-3872/#.UGF-KBgWii4

dimanche 16 septembre 2012

Camille redouble!


Si on fait abstraction de la fin qui plombe franchement le moral, le film est un petit bijou de trouvailles et d'acteurs pétillants. 
Les rôles sont interprêtés beaucoup  de naturel. Les trois copines de Camille sont absolument géniales notamment Judith Chemla (Josepha) et India Hair (Alice). Camille, 47 ans en réalité, passe relativement bien avec ses doc martins et ses jupes à volants, notamment quand elle danse avec bonheur, c'est un des paradoxes du film!
Tout  est en décalage: Camille qui a 16 ans avec un physique de 42, son amour Eric qui lui est rajeuni physiquement et moralement, sans vraiment y arriver mais un peu quand même, le prof de physique 40 ans, "gros dégueulasse, le vieux qui n'a même plus de cheveux"(sic) qui succombe aux charmes d'une nana de 16 ans  qui fait plus vieille que lui, les musiques, les posters de la chambre de Camille, les fringues des années 80, Yolande Moreau douce et belle, dont on attend la mort en espérant que la vie soit un conte de fée, les tubes d'alors, Nina Hagen. 
J'aime ces films français inventifs, poétiques, spirituels et émouvants, (pas trop quand même, j'aurais préféré ne pas pleurer). 
Un petit bijou d'inventivité. 

samedi 15 septembre 2012

La fin des courses


Je viens de découvrir le drive: on commande ses courses sur internet, on choisit l'heure de passage. A la borne on présente le code barre de l'iphone et un vendeur apporte les sacs, et les place dans le coffre: trois minutes montre en main!
Du pur bonheur, de la jouissance totale, en repartant, je disais adieu mentalement aux galères des courses:
- trouver une place pas trop loin de l'entrée mais près des charriots
- tomber sur le charriot qui grince et dont une roue bloque systématiquement quand on va à droite
- se taper les rayons un à un,
- poireauter à la boucherie
- se cogner contre les indécis qui pouitchent tous les fruits avant de les mettre en sac
- faire la queue à la caisse un samedi au milieu d' une rangée de vieux qui auraient tout aussi bien pu venir un autre jour et qui poussent, voire vous prennent la place, au prétexte que vous n'êtes pas assez rapide. Si  pour cause d'attente trop longue avec les caissières vous avez opté pour les caisses automatiques , vous videz et remplissez deux fois le caddy.
- courir sous la pluie pour retrouvez sa voiture ...
- charger, décharger, ranger ... 
Bref, terminé!

Certes, j'ai passé 3/4 d'heure à choisir ce dont j'avais besoin, j'ai acheté une bouteille de deux litres de jus d'orange qui ne tient pas dans mon frigo, quatre paquets de pitch soit un paquet plus gros qu'un baril de lessive, j'ai oublié le saumon, je n'ai pas trouvé mes danettes au chocolat noir mais j'ai un panier qui pèse moins de 100 euros!

Et il paraît que la prochaine fois, je serais plus rapide sur internet vu que chaque semaine la ménagère de moins de cinquante ans (moi)  achète toujours la même chose!
Petite remarque, trois femmes attendaient leurs paniers.....  
(Sculpture de Duane Hanson 1925-1996 Super Market Lady)

vendredi 14 septembre 2012

Sexisme ordinaire?


" A part le Marais poitevin, dont il a eu à connaître la fragilité comme député, rien ne prédestinait Robert Robert, 39 ans, le blond socialiste au profil racé et aux cheveux gaufrés, à devenir ministre ...." Remplacez Robert Robert par Delphine Batho et vous avez le début de l'article de Michel Urvoy aujourd'hui dans Ouest-France (14/09/2012). Il nous fait grâce de la blague salace sur les blondes et ne dit rien de la situation matrimoniale et familiale de  la députée (ce qui est coutume habituellement).
Certes, il ne s'agit que de deux lignes mais c'est insupportable.
Pourquoi faut-il que les femmes soient définies aussi par leur physique et ici, avant toute chose?

Imaginez la même description pour un député de couleur ..." rien ne prédestinait Robert Robert, 39 ans, le  socialiste noir au profil racé et aux cheveux gaufrés ..." Il est fort probable que l'auteur aurait pu se voir attaquer pour racisme ordinaire et on aurait eu raison! Cela dit, il n'aurait probablement pas commencé son article ainsi, conscient de sa bêtise.

Les femmes ont encore des soucis à se faire et l'égalité n'est pas pour aujourd'hui .... 

 

jeudi 13 septembre 2012

Robert




J'ai un élève qui s'appelle Pierrot! Le moins qu'on puisse dire c'est qu'hormis les vieux types de plus de 60 ans qui écument encore les comptoirs des derniers bars-tabac, devant un verre de blanc ou sur les terrains de pétanque, les Pierrot ne courent pas les rues! Il a s'en doute hérité du prénom d'un copain mort, d'un oncle ou d'un grand-père. C'est beau et heureusement il le porte bien! Mais cela peut être lourd, très lourd comme de s'appeler Solange pour une fille, Rolande ou Raymonde ....
Cela dit quand tous ces vieux prénoms vont revenir à la mode et que Robert entrera en lycée, Pierrot sera fier de son prénom!
A midi, Robert faisait l'unanimité contre, probablement pour d'obscures raisons au début inavouées et finalement évidentes, les Roberts évoquant davantage les nénés, les nichons, les nibards que de gentilles têtes blondes ou brunes...

Ce n'était que projection car en réalité, les élèves portent bien leur prénom et une fois qu'on les voit, qu'on leur parle, les a-priori tombent de suite... Sauf peut-être pour les Régis que les Nuls avaient pourri dans leur sketch: "Régis est un con". A l'époque il y avait toujours un élève qui se  prénommait ainsi et je ne pouvais m'empêcher de penser au titre de cette  bouffonnerie ... 

Je parie que dans 5 ans, nous aurons Henri, Michel ou Jean-Paul, Lucienne, Georgette ou Christiane  et que nous n'en ferons plus cas, Victor, Gisèle, Louis ou Joseph étant déjà des prénoms redevenus à la mode!

mercredi 12 septembre 2012

La suppression du bac!


Je vote pour la suppression du bac qui devient incompatible aujourd'hui avec la modification des contenus des programmes. 
La liberté de choix des exemples à traiter dans certaines matières ne peut qu'accentuer les inégalités de correction. Comment un professeur qui a gavé ses élèves en hsitoire sur la notion de patrimoine (entendez par là qu'il aura fait un bon cours magistral à fond les gamelles pendant deux heures) à travers l'exemple de Rome, pourra-t-il corriger celui qui les a fait travailler en autonomie ne retenant que l'essentiel sur Jérusalem? Certes, l'écart  de note n'ira pas entre en 0 et 20 mais il est certain que les contenus pèseront fortement en faveur de celui qui crachera ses connaissances encyclopédiques, celui-là aura 19 (parce qu'on ne met jamais 20, la copie parfaite n'existant pas selon certains.....) tandis que l'autre, dont le professeur aura respecté les consignes de mise en oeuvre aura 13! Quoi de plus injuste et surtout de plus déprimant pour un élève qui, dans sa classe, aura, de toute façon, respecté  le contrat?  
Cela étant, a-t-on d'autres choix si le but est que l'élève ait 20/20? Non sans doute! 

Il serait donc logique de fournir  des trames identiques, à tous les  professeurs, c'est-à-dire, un cours déjà fait. Le professeur n'est pas spécialiste des questions étudiées, de toute façon, il n'a pas fait de thèse sur la crise économique de 29 ou sur les trente glorieuses, il en connaît la substantifique moelle, certes mais ce qu'il en retient peut être lacunaire, partial donc peu parfait. Son rôle est de mettre en oeuvre ce cours et de faire véritablement son métier qui est la pédagogie. Ainsi, plus de disparités entre les cours, puisque les professeurs auront une trame commune, identique pour tous sur laquelle seront évalués les élèves! 
Simplification des tâches, mais réflexions véritables sur le métier, la façon de transmettre et surtout réfléchir à ce qu'on attend de l'élève.  

Quoi,  allez-vous me dire,  et la liberté du professeur? Ce sont les dictatures qui dictent l'histoire! Certes, quand il s'agit de la réécrire, mais qui parle de biaiser la vérité historique? Au contraire!
Et de quelle liberté parle-t-on? 
Si, il est évident qu'en mathématique 2+2 font 4, une vérité scientifique ne saurait exister en histoire, en géographie ou même en lettres? La liberté serait donc d'y mettre les contenus qu'on veut, comme si Louis XVI pouvait avoir été guillotiné à des dates différentes ou de dire que  De Gaulle est arrivé au pouvoir en 1958 par un coup d'état ou d'oublier de parler de la torture pour la guerre d'Algérie ( en d'autres temps on ne disait d'ailleurs pas qu'il s'agissait d'une guerre mais on évoquait les évènements..) 
Cette année, en histoire, l'exemple le plus flagrant est la façon dont est traité le programme concernant en terminale les conflits: "le Proche-Orient: un foyer de conflits". Un seul exemple est traité de manière exhaustive, (ce que l'on ne nous demande pas) dans la plupart des manuels scolaires, le cas israelo-arabe-palestinien (plus de 42%, parfois même 54% du chapitre). Or il est conseillé dans les attendus (documents d'accompagnements, ressources) du ministère que ce conflit ne doit pas être exclusif ni trop développé et l'exemple retenu par les textes est celui concernant la guerre Iran-Irak. Une telle interprétation faite par les auteurs des ouvrages que les élèves ont entre les mains peut choquer, un tel choix me choque. 
Ce traitement tout comme ce qui en est dit à la télévision, contribue très certainement à diaboliser les protagonistes, comme si d'autres problèmes n'existaient pas également dans la région. 

Le principe est le même en physique et en SVT. Il faut faire confiance aux professeurs, certes, mais je sais par expérience et par souci de bien faire que la tendance sera de rajouter encore et encore des couches de connaissances au détriment de la réflexion et de la volonté de faire simple! 
Dans ces cas-là, pourquoi alors ne pas fournir un pavé à apprendre sur internet et supprimer les profs (car s'il s'agit de raconter non stop pendant deux heures tandis que les élèves prennent des notes, autant faire un cours vidéo identique pour tous!) 

Et le bac?
Supprimons-le et nous formerons des élèves sans gaver et avec d'autres objectifs que la sacro-sainte mention qu'il faut obtenir à tout prix et qui ne veut rien dire puisque, bien avant l'examen, les dés sont jetés, les élèves orientés.

mardi 11 septembre 2012

Le vide grenier de Virey


Virey est un petit village situé au fin fond de la basse Normandie entre Villedieu les poêles, Saint-Hilaire-du-Harcouet et Avranches. On s'y rend par des routes départementales bordées de talus aux arbres majestueux, on franchit les valons pour traverser des bourgs qui vous accueillent les bras ouverts  avec pour perspective l'église,  sans pollution visuelle d'aucune sorte (super marché immonde, enseignes laides), des villages proprets, fleuris, qui gardent encore leur boulangerie, leur bar-tabac-presse, un stade de foot et une magnifique salle des fêtes.
Un dimanche de septembre, se déroule le plus grand vide grenier de la région: 500 exposants, 4km de déballage et 15000 visiteurs, excusez du peu!  On y vient de la Mayenne, de l'Ile et Vilaine et de bien d'autres départements encore!
A première vue, un vide-grenier permet le  déballage des pires saloperies accumulées dans les caves et greniers (le bien nommé) mais il faut un oeil aguerri afin de repérer ce qui fera le bonheur de vos proches ou le votre. Il convient d'y être aux premières heures afin de ne pas rater les plus beaux objets ou à la fin de la journée quand lassés de faire le pied de grue, les vendeurs sont prêts à lâcher l'affaire pour six francs, six sous.... Cela étant, dimanche, y avait moyen de négocier dès 10h du matin. 
On y trouve de tout, des boulons, des tuyaux en plastique, des prises électriques, des vêtements, de vieilles chaussures, des livres, des disques, des bicyclettes, des sièges de voiture, pot à lait, bassines, volants, nain jaune, de tout! 
C'est ainsi que pour 10 euros j'ai trouvé une paire de lunettes Vuarnet vintage du plus bel effet pour l'ado rebelle qui se remettait doucement de sa virée à Lessay en faisant une méga grasse matinée. S. a commencé une magnifique collection de grès noirs, tuyaux d'eau antiques, pots, vasques, jarres, brocs, saladiers, tasses, bocks, signés, qui sonnent à merveille.  Stockés sous l'escalier, les objets tels des totems ont bien fière allure!
Tout est plaisant, y compris les blablas de l'animateur qui annoncent l'ouverture de la buvette, les plats du menu (riz au lait, bolée de cidre et saucisses grillées frites), qui réclament à cor et à cris un électricien car le branchement de la trayeuse électrique pour vérification a fait sauter les plombs ou quand le petit Dany a perdu sa maman, il l'est moins quand il y va "franco" sur la blague raciste, pour dire que, "même si Véronique a l'air d'une Marocaine elle n'en est pas moins française de chez française" et là ...on sait qu'à la campagne, Marine L.P. a bien progressé aux élections!
Je commence à apprécier véritablement les vide-greniers, l'étalage de bric et de broc est amusant et je me demande si je ne vais pas m'y mettre afin d'éliminer le superflu!

lundi 10 septembre 2012

La foire de Lessay


Depuis deux mille ans la foire Sainte-Croix s'installe sur la "Grand'Lande" de Lessay, chère à l'écrivain et poète normand Louis Beuve. Ayant raté la foire aux équidés (chevaux, poneys, ânes), le vendredi,  je me réjouissais de voir,  samedi, la foire aux bovins, ovins et caprins. 
Après un footing urbain, (les premières vingts minutes étant le pire footing question paysage fait depuis 17 ans), nous sommes partis plein d'entrain vers la foire de Lessay. L'évènement s'annonçait dantesque puisque la route qui mène au bourg et qui est aussi celle de Cherbourg ne pouvait être empruntée que par les afficionados des bestiaux.
C'est sans problème que nous avons trouvé une place de parking entre un immense camp de manouches et le  foirail, dans un vaste champ aux bouses de vaches encore fraîches, signe annonciateur, selon moi, d'un évènement de qualité.
J'allais enfin pouvoir toucher au plus près de l'arrière train, vivre en direct les comices agricoles des bouquins de Balzac ou de Maupassant. J'imaginais les maquignons en blouse, la casquette ou le chapeau vissés sur la tête, appuyés sur une canne ou un bâton, je rêvais de les voir peloter le cul des vaches, flatter les croupes, tailler  le bout de gras et se taper, à la volée, des grandes claques dans le dos. Je voulais sentir le crottin,  la bouse et les volailles.

Las.... j'ai bien vu quelques étables, trois ou quatre percherons, des moutons, des ânes et des brebis, mais j'ai dû chercher ...

La foire de Lessay, c'est un vaste déballage de merdasses en plastique made in China, de pulls en schmelpoff, de sacs en imitation cuir, de baraques à saucisses frites tous les 500 m qui fument et empestent, de bonimenteurs décrépis tellement habitués à bonimenter que leur micro semble greffé à leur cou, de buvettes qui distribuent la bière ou des gorgeons de rouge.
A se demander si le paysan y trouve son compte.
Entre  un foirail à pleurer, car ridiculement petit, (la dizaine de chevaux de traits occupaient tout l'espace), quelques bien belles machines agricoles au pied desquels toutes les banques courtisaient le chaland, ce n'était qu'étalages tristes et mornes.
La bonne idée fut d'aller près du hangar baptisé festival de l'élevage.
C'est là que j'ai vu les plus belles vaches de ma vie, des coquettes aux poils lustrés ( j'avais le souvenir des vaches de mon enfance au cul maculé de merde survolé par des nuages de mouches vrombissantes), délicatement conduites par de jeunes filles en chemises blanches et jupes bleu marine ou de beaux gars fiers comme des artabans d'avoir à mener sur scène leur plus  belle bête.


L'ado rebelle (que j'ai réussi à traîner dès potron-minet lui promettant que ce qu'elle verrait était unique et inoubliable, ne pouvant qu'enrichir son expérience des hommes et du commerce) et l'oncle urbain ont malheureusement refusé de traverser cette superbe étable où la vache  alanguie sur une paille à faire envie attendait son tour de podium. L'ado restait le foulard collé sur le nez quant à l'oncle, il ne voulait pas déranger!

Bref, notre virée  à Lessay a terminé sur cette image de vache laitière aux pis gonflés et roses ... A tout prendre je préfère les petits marchés du Poitou où le vendeur d'anguilles côtoie le marchand de poulets sans prétention.
Demain je vous parlerai du vide grenier de Virey.

vendredi 7 septembre 2012

Mon crapaud du petit matin


Du moins je suppose...Il s'en allait peinard sur la terrasse de la porte d'entrée vers une forêt de bambous et d'herbes succulentes, en trois bonds un peu lourds suivis d'une longue pose pause. Il a pourtant été plus vif que moi lorsque j'ai voulu le prendre en photo. Il a plongé vite fait sous les planches dans un bain de feuilles séchées.
A première vue, les crapauds me répugnent, leur peau lisse maronnasse tâchetée de beige me fait penser aux vieux cuirs usés des blousons à la mode. 
J'ai pourtant une tendresse réelle à leur égard, déplorant chaque année ses cadavres aplatis comme des crêpes, devenus couleur pneu, qui jonchent les rues de mon quartier. En juin, je me languis de ne plus entendre leur chant  au moment des amours, la plupart ayant fini dans la gueule de quelques prédateurs  dès qu'arrivent les beaux jours!
Le crapaud est aussi un personnage de conte, mais je n'ai jamais cru qu'il puisse cacher sous son corps mou à la peau que l'on imagine froide, un prince quelconque ...
De toute façon, le prince charmant n'existe pas! 

jeudi 6 septembre 2012

La petite sirène


Il n'y a rien de plus horrible que la petite sirène d'Andersen ... Gulliver, à côté, c'est du pipi de chat.
Si je me souviens bien, il s'agit d'une princesse des eaux qui tombe amoureuse d'un beau gars, terrien de chez la terre, bien campé sur ses deux jambes. Elle le sauve du naufrage.
Elle ne rêve plus que d'une chose, l'épouser mais comment faire avec une queue? Elle décide donc de faire appel au service de la sorcière qui lui offre des jambes mais en échange, elle doit lui donner sa langue et sera donc condamnée à ne jamais révéler à son bien-aimé qu'elle l'a sauvé en d'autres temps.
C'est cruel!
Le bouquin jaune et or offrait des illustrations à faire pleurer, la gourdasse avait de grands yeux bleus délavés et des cils très longs qui lui donnaient un regard d'ahurie, le prince était insipide comme beaucoup.
Je détestais ce livre mais je ne pouvais m'empêcher d'y jeter un oeil ....

Il faut que je relise la psychanalyse des contes de fées (1976) de Bruno Bettelheim, il y a sûrement un message caché que je n'ai pas compris! 

mardi 4 septembre 2012

Les poules de Barbarie


En rédigeant mon billet d'hier, je me suis demandée pourquoi à 20 ans et plus, j'avais investi dans de le cochon d'Inde ou le hamster pendant si longtemps. M'en servir en classe est une bien piètre excuse car nous étions peu d'enseignants à pratiquer ainsi l'élevage.... Certes dans la grande solitude des écoles de campagne ou de la salle de classe, l'animal familier avait quelque chose d'apaisant car on ne pouvait pas vraiment évoquer, avec le collègue, les difficultés ou états d'âme rencontrés. La situation a évolué heureusement! De là, à penser que je parlais à mon cochon d'Inde angora (mon cuy comme me l'a signalé fort à propos Sameplayer) il ne faut pas exagérer! (quoique..)
Ce n'est pas, non plus,  par frustration, car petite, mes parents ont toujours accepté mes demandes de bestioles à élever.
On a  eu plusieurs chats appelés Minette bien que la plupart du temps les félins  aient été  des matous  sévèrement burnés. J'ai engraissé des milliers de têtards qui avaient la bonne idée de ne jamais survivre au bocal dans lequel on tentait d'obtenir des grenouilles qui auraient si possible grimper l'échelle. Les vacances d'été signaient généralement leur arrêt de mort et l'on retrouvait le tout, pourri en un jus épais, au fond du récipient. Une seule fois, une minuscule grenouille est arrivée à maturité, de la taille de mon pouce, j'en garde le souvenir ému d'une grande victoire sur la nature. Je l'ai lâchée, tel dieu, au septième jour dans la paradis de la pelouse.
J'ai eu des perruches que j'ai réussies à dompter, elles faisaient des pirouettes sur mon doigt ganté de cuir, on a gardé longtemps, une pie, un chardonneret (oiseaux blessés ramassés au pied de l'arbre que l'on sauvait à coup de gouttes de pinard), un verdier et même des poules de barbarie, naines....Au sujet de ces dernières, mon souvenir n'est pas très glorieux. Ces volatiles ne se laissent pas approcher, ils puent, sont sales et chient partout. Plumes, fientes, détritus en tout genre jonchaient la terrasse. Difficile de les dresser, du coup, une fois adulte, mon père a fini par les liquider à la bêche, je crois bien qu'il leur a tranché la tête.... 
Depuis, rien, je me contente de regarder les oiseaux qui viennent se ravitailler à la mare du jardin, je compte les poissons rouges et je ris de voir les quatre écureuils se courser d'arbre en arbre. 

lundi 3 septembre 2012

Les cochons d'Inde


Quand j'étais institutrice, j'élevais un couple de cochons d'Inde. Les pédagogues, alors encore inspirés par la méthode Freinet (mais à la marge)  en conseillaient l'élevage afin de donner le goût de l'écriture et de la lecture, d'étudier leur mode de vie, leur alimentation et la reproduction.
Ainsi, mes élèves de cours préparatoire écrivaient le journal de bord de ces animaux familiers dont on prenait, tous les matins,  des nouvelles. Je suppose qu'aujourd'hui, c'est interdit.
C'est moi qui les gardais pendant les vacances scolaires.
En regardant, Fourchettes et sac à dos sur la 5 dont je suis fan, je me suis souvenue des nombreux élevages que je pratiquais alors, mais c'est pourtant, sans état d'âme, que j'ai assisté, à la télévision,  à la préparation du plat national péruvien, le cochon d'Inde grillé.  D'un grand crac énergique, l'éleveur  tort le cou d'une bestiole grasse comme un loukoum, la rase comme un cochon, la farcit d'herbes et  la grille en brochette sur le feu ... Julie, gentille présentatrice toute douce (elle a trouvé un chouette filon),  fait sa vierge effarouchée tandis que le caméraman nous épargne plus ou moins la torsade rapide et efficace de l'éleveur (on entend le bruit brusque et sec des os qui craquent), elle s'offusque assez vite mais  ne s'en régale pas moins.

Mes cochons d'Inde se baladaient en liberté dans l'appartement, cependant,  la plupart du temps je les laissais dans une caisse en bois. Je me suis lassée car le dernier, magnifique angora blanc,  avait ses crottes qui lui collaient au cul, le long des poils, et je devais le passer à la douche ... J'ai donc fait ensuite dans le  hamster moins facile à dresser, mais  un peu plus propre (le hamster urine toujours dans le même coin).
Un été,  j'ai lâché ma première  bestiole sur la terrasse, elle a fini par élire domicile dans un pot de fleur, garni de tout ce qu'on avait pu lui donner à manger. Elle y avait creusé une longue galerie, on ne la voyait plus le jour, on l'entendait la nuit. Un matin je l'ai retrouvée paralysée de l'arrière-train, je n'ai jamais vraiment compris ce qui avait pu lui arriver.
Je finissais toujours par les donner à des élèves intéressés et l'année suivante j'investissais dans un nouveau spécimen, plus blond, ou plus brun, ou à poils plus longs (quoique un peu échaudée par l'expérience des crottes collées au poil ...). Je les ai toujours lâchés afin qu'ils puissent connaître la vie exaltée et sauvage (de l'appartement) jusqu'au jour où, un a disparu  dans un trou du plancher ...Je ne l'ai jamais revu. Je l'imaginais la nuit, vivant une nuit folle d'expériences sauvages et exaltantes ou revenant, en douce, pour se venger de l'avoir négligé.

J'ai ensuite cédé aux désirs des enfants, désirs vite assouvis, puisque ils oubliaient rapidement de s'en occuper et je devais  assurer l'intendance.
Pour leur faire plaisir, j'ai  quand même entrepris un élevage de hamsters, on a eu 11 bébés qui ont choppé une maladie qui leur faisait perdre leurs poils: une horreur, les bestioles grouillaient, tout nus,  dans une cage dégueulasse car je n'osais plus y toucher de peur d'être contaminée. J'ai fini par tout porter chez le véto qui a dû les piquer, du moins j'espère. J'imaginais les deux gros doigts boudinés du spécialiste, les saisissant par la peau lisse et les piquant un à un ... j'ai fini par me dire qu'il avait dû s'y prendre d'une manière plus économique afin de les liquider ...
Lors de cette expérience mémorable, j'avais  séparé les couples afin de mettre le holà sur les nuits de fornication, j'ai mis malheureusement deux mâles ensemble (ne sachant pas identifier les femelles), au matin, le fils avait tué le père, sans doute est-ce dans l'ordre de la nature.
Je ne regrette pas ces expériences  puisque mes enfants, à 20 ans sont guéris à jamais de toute velléité d'élevage... Ce qui n'est pas le cas du fils de mes amis à qui j'avais, à l'époque, proposé un couple de hamsters afin de satisfaire l'héritier qui  réclamait à corps et à cris d'avoir lui aussi des bébés animaux.
Parents réfléchissez bien avant de refuser! 
Afin d'assouvir sa passion, puisque frustré à 9 ans, il  a acheté des rats de luxe (payés un bras) qu'il élevait dans son studio parisien, la cage (de luxe elle aussi) occupant la moitié de sa salle de bain (les rats vivent la nuit), posée entre la douche et le WC, collée au lavabo....
Aujourd'hui, appelé vers de nouveaux horizons étrangers, les rats sont chez les parents qui s'étaient pourtant jurés de ne jamais les accueillir ... Mais, c'était soi les prendre, soit les lâcher dans les égoûts de Paris où ils n'auraient pas survécu plus de 24h..
Vous pensez  des rats de luxe habitués à péter dans la soie!
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