dimanche 30 décembre 2012

samedi 29 décembre 2012

Air pur

Finie la pestilence! Bonjour fraîcheur des cimes!
Après 14h de route, ( bouchons, détour par Voiron et la Chartreuse, engueulade à l'arrivée car je n'ai pas donné les adresses exactes que l'on ne m'a pas demandées, glissades en mocassins, pâtes à l'ail genre plâtrée collante, génépi), enfin Meribel.... On a traversé la France d'ouest en est , 1100 bornes non stop ...Il y a de la neige! Plein!

Pensées délétères


" Elle se sentait légère depuis quelque temps, plus obsédée par la pensée de lui. Comme si le coin enfoncé dans son crane, énorme, de la taille à supporter une poutre centrale dans une salle de ferme,  qui l'occupait depuis longtemps, sortait de son encoche, glissait lentement vers l'extérieur, libérant un air pur et nouveau, un espace libre aux autres.
Certes, elle avait l'habitude de ces périodes aériennes, et elle savait que ce temps, comme suspendu, ne durait que quelques jours, que les vieux démons finiraient par ressurgir, souvent par le plus grand des hasards. Mais le fait était là,  la présence était plus lourde à vivre que l'absence.
Elle aimait les tempêtes d'hiver, violentes, contre lesquelles avancer relevait de l'exploit, courbée en deux, face au vent, sur la lande qui n'est plus. Hier, lors d'une promenade d'une heure, elle se sentait comme la plume, léger duvet de mouette ou de goéland, virevoltant au dessus des algues échouées, valsant dans l'air frais et humide du chemin côtier. Elle n'avait pas l'impression de marcher, tout était facile dans le souvenir vécu de promenades identiques mais épuisantes. Elle voyait son corps tourbillonner à la manière de l'écume des vagues, en petits paquets mousseux, jaunis, qui courent au dessus du chemin. Ils avaient chercher à les attraper, ils s'étaient dissous entre leurs doigts, inexistants et pourtant si présents juste avant de les saisir. 
Son esprit vagabondait entre mafias russes, col de fémur, vélos de course et course à pied, agréablement bercé par une conversation tranquille, à l'image de cette journée, soudain apaisée."

vendredi 28 décembre 2012

Odeurs ...

Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison !
A sept ans comme il faisait bon,
Après d'ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison !

La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées,
Sentait l'encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières
Amassées par tout un été.

.... René-Guy Cadou

Amis poètes, bonjour!
En voyant ma copine, ce matin, le foulard sur le nez, braillant qu'il était hors de question de rester dans l'entrée compte tenu de l'odeur de vomi qui se dégage des lieux,  j'ai pensé à cette poésie apprise petite en CE1. Ce sont les seuls vers dont je me souviens de toute ma carrière d'écolière et Dieu sait, si à l'époque on en apprenait des kilomètres ( je me rappelle également  ce refrain de Victor Hugo  " il neigeait, il neigeait".. concernant la retraite de Russie, il m'avait fortement impressionnée...).

Chez moi, depuis deux jours, ça sent le ranci, le vomi, l'aigre, la boue, bref, ça puire... et je pèse mes mots. Les terres grises, puisque c'est comme ça qu'il faut les appeler, doivent tapisser le sol sous les meubles de cuisine que l'on ne peut déplacer. L'odeur est aussi forte que des algues, sur la plage, en putréfaction, les embruns et l'air iodé en moins. Nous allons devoir prendre notre mal en patience, quoiqu'on s'habitue à tout au point de ne plus rien sentir... Coup de bol, ce ne sont pas des terres noires, en gros de la merde, c'est moins pire! L'attitude de ma copine à deux doigts de s'évanouir m'a surprise: "Comment, me suis-je dit, cela sent si fort que ça ?"
Faut croire!
Elle n'est pas morte et nous non plus, comme ces fossoyeurs qui passaient autrefois l'arme à gauche en ouvrant les cercueils, terrassés par les émanations toxiques. Nous n'en sommes pas là, mais c'est comme une seconde peau, l'odeur colle, il nous semble la traîner partout, à la manière de tanneurs les pieds dans les bacs de peau. Les enfants la traquent sur les paquets de brioche, les morceaux de sucre qui restent dans les placards car nous n'avons pas songé à les enlever. Les tiroirs restent grand ouvert afin d'évacuer la pestilence, accélérer le séchage, le croûtage salutaire. 
Nous vivons donc fenêtres grandes ouvertes.
Joyeux Noël! 

jeudi 27 décembre 2012

Produits miracles


Cet article n'est pas sponsorisé, je l'écris gratuitement. Et ce n'est pas un article sexiste ....
Amis dégraisseurs, j'ai trouvé le produit miracle!
Nous avons dégraissé la cuisine .... malheureusement, ce matin, une vieille odeur de ranci subsiste encore dans l'air ambiant, que ne disperse pas le vent à décorner les boeufs...
Pour le soin de la maison, la marque décline tout un tas de produits miracles. Je pèse mes mots ayant testé le dégraissant intensif qui marche à peu près sur tout, y compris les cuvettes de WC les plus noires, et sans effort ou presque, le dit effort consistant à rincer l'éponge. Il suffit de laisser agir comme il est indiqué sur le mode d'emploi, opération fondamentale pour être totalement efficace sans dépenser toute son huile de coude.... 
Le fils chéri a récemment fait une mou dubitative après ce royal cadeau que je lui avais fait à la rentrée, disant qu'il était un poil déçu ....Et pour cause, il n'a pas laissé agir après avoir pschitté. Il a cependant reconnu que c'était venu à bout de sa cuvette des toilettes. Il est en effet beaucoup plus agréable de poser sa crotte dans une eau limpide au fond immaculé que dans un  réceptacle de chiotte noir de croutes. Mais je m'égare.
Cette maison décline tout un tas de produits, pour tous les goûts, toutes les opérations. J'ai testé le spécial idéal-joint de salle de bain, le nettoyant désinfectant bactéricide, le détartrant surpuissant salle de bain, le nettoyant alu-inox-chrome qui rend votre surface de lave-vaisselle plus brillante qu'un miroir.

Bref, c'est le bonheur pour ceux qui ne passent pas leur journée à nettoyer, et qui s'adonnent au grand nettoyage de printemps, façon Bree van de Kamp, se contentant le reste de l'année de nettoyer, superficiellement. Sauf bien sûr catastrophe sanitaire!
Par contre pour la vitre du poêle, il suffit de tremper son éponge ou son journal mouillé dans la cendre afin de venir à bout de la surface la plus noire.. Comme quoi, la chimie peut souvent se révéler inutile, toxique pour les joints et les petites mains des fées du ménage.

mercredi 26 décembre 2012

Je kiffe les plombiers....


Non mon plombier ce n'est pas ça! Mon plombier en fait est deux, deux rudes spécialistes du curage et du débouchage de tuyaux, des urgentistes de la constipation des  boyaux, de la merde en tout genre accumulée en 10 ans. Ils sont costauds, agiles à quatre pattes sous l'évier, armés  pour supporter toutes les odeurs, pas à court d'idées et d'inventivité afin de venir à bout des malformations de la maison! Il n'y a pas de bac de dégraissage en regard de la cuisine et ça, ça, c'est faute (et s'il n'y avait que ça!)
Il faut donc intervenir par le dedans, en gros faire venir depuis le camion vidange (à moitié plein de la merde d'autres pavillons) un énorme tuyau qui remugle, dans la cuisine, par l'entrée et pousser, crier stop, éponger, laver, asperger, suer, en clair déboucher. Sauf que la moitié du boulot qu'ils ont fait, aurait pu être expédié en enlevant le four à défaut de ne pas pouvoir déplacer le lave-vaisselle encastré à vie sous le plan de travail. J'ai eu beau dire, "enlever le four", ils ont continué à se contorsionner sous le lavabo. En gros, en quoi une gonzesse pouvait savoir mieux qu'eux, ce qu'ils avaient à faire ?
J'ai entendu le grand rhaa de satisfaction pour la mission accomplie, sous les encouragements du beau-frère qui philosophait en regardant les travailleurs mouiller leur chemise!
Moi je dis chapeau!
Sauf que ça va nous coûter un bras car voilà bientôt deux heures qu'ils sont là, que la cuisine ressemble à un champ de bataille de la guerre 14-18, que l'odeur va nous coller à la peau pendant au moins 48h sauf à vivre fenêtres grandes ouvertes, et encore, le spécialiste a dit que c'était mort ....
Ensuite j'ai dû dégraisser, et c'est, je peux vous le dire, un euphémisme, en fait la graisse se présente sous forme de cailloux de la taille d'une bille, parfois même d'un boulet. Elle pue les cent mille morts, colle aux mains. L'opération lavage est à gerber, on y a passé deux heures avec le beauf, essayant d'extirper à coup de barre de fer à tourteaux, les morceaux accumulés sous le fameux lave-vaisselle que nous ôterons, un jour, en le débitant en pièces détachées. J'ai fini, dans la foulée, de nettoyer les plats de Noël baignant cette fois-ci dans la graisse de chapon, de pot au feu et de canette! 
Ce soir, je fais légumes verts sans vinaigrette! 

mardi 25 décembre 2012

Noël à Bethléem.



C'était cet été, lors de notre virée  en Israël. Nous avons suivi les pas de Jésus et nous sommes allés à Bethléem découvrir la basilique de la Nativité. On se presse dans la grotte, au delà de la bienséance. Chaque visiteur est armé d'un appareil photo, voir de son ipad qu'il tient devant lui pour fixer à jamais le souvenir de sa visite. Arméniens, Grecs orthodoxes et Latins se partagent le lieu, comme au Saint-Sépulcre à Jérusalem et tout est fait afin de ne pas se mettre sur la figure à coup de balais comme en 2011!
On sort par une porte qui ne fait pas plus d'un mètre vingt de haut.
 La ville est animée, très sympa, vivante et gaie.

lundi 24 décembre 2012

Noël


Noël au balcon, Pâques aux tisons.... Si le bon vieux dicton de nos grands-mères se vérifie, il y aura de la gelée au printemps, mais comme en avril ne te découvre pas d'un fil, pas de souci, nous attendons l'hiver de pied ferme! Pour autant, les températures n'ont jamais été aussi froides dans l'est de l'Europe, à n'y rien comprendre. 
Ici, nous sommes dans un flux d'ouest, gris, très venteux et houleux. Cependant, pour la marmaille rentrée pour les vacances, rien ne va. D'une part, le matériel n'est jamais là où l'on pense qu'il est. La mère a dû, pendant l'absence, ranger, mais où? D'autre part, il vente mais pas comme il faut: c'est pourri. Le dadais a donc, avec un copain, tenté le kayak pour conclure que, drossés en permanence sur les rochers, ils ont failli se tuer. Ils ont ensuite nagé, à la nuit tombée, jusqu'au tarot (?) avec le sentiment, que, ma foi, oui, ils prenaient quelques risques "mais que c'est bon!"Je les ai vus en combinaisons néoprène toute l'après-midi à la recherche, coûte que coûte, des sensations bienfaisantes pour le moral de ces deux exilés à Nancy et Thionville. Ils trempaient le sol de leurs petits petons, jusqu'à laisser des traces de boucherie dans toute la maison, le plus grand des dadais s'étant coupé le pied je ne sais où. Anesthésié par le froid, il continuait sa quête du grand frisson (dans une flotte à 8°, je n'ai aucun doute qu'ils l'ont bien trouvé). La dadaise (?) quant à elle, était partie kiter et est rentrée poussant un grand rhaaa lovely, percluse de douleurs musculaires qu'elle avait oubliées.
Le soir, ils étaient comblés, il va sans dire.
Quant à moi, j'ai continué à flirter avec l'écriture, en vain. Mon texte pèse aussi lourd que ces blocs de sel sur les bords de la Mer Morte, mais j'avais envie de me souvenir de la chaleur de ce lieu magique.
 
" Non, je n'attends pas, ajouta-t-il d'un ton sec qui ne souffrait aucune réponse, encore moins une justification, ce qu'elle aurait fait en d'autres temps. Là, elle s'est contentée d'avaler sa frustration, la déception de ce tout petit rien qui, une fois de plus, montrait à quel point il était le seigneur et maître ne supportant aucune injonction, aucune demande aussi polie et justifiée soit-elle. Il partait sans lui dire au revoir, comme tous les dimanches, pressé comme il l'était toujours quand il décidait de reprendre la route.
Elle a fait comme d'habitude, en épouse éplorée qui se ne respecte pas, elle a couru derrière lui, afin de déposer  un petit baiser d'adieu qu'il a accepté, du bout des lèvres.
Depuis des années, il avale une frustration plus grande encore, celle de n'avoir pu contraindre, tous, de le suivre, il est la plus grande victime, celle qui se sacrifie pour les autres. Il a donc décidé qu'il ne serait plus martyr mais dompteur des lions qui vaquent dans l'arène en attendant Blandine, la proie. Il n'attend plus rien des autres, dans son autre monde il est le prédateur à l'affût: une femme, forcément, douce, souriante, cultivée, qu'il va pouvoir combler, éduquer, révéler à elle-même. Le problème est que jamais il ne pourra savoir si elle est là pour lui, ou pour son argent, jamais. Il serait commis boucher qu'elle ne le regarderait même pas. Mais la vie est courte, il faut rattraper le temps perdu.  "

samedi 22 décembre 2012

Le destin

Lorsque je lis un livre qui me prend aux tripes, dont l'écriture me transporte, je me plais à m'imaginer écrivaine: dans ce mot il y a vaine et c'est sans doute pourquoi cela est toujours resté un rêve.  Pourtant petite, avec mon amie Hélène, par des températures estivales étouffantes, nous nous enfermions dans la chambre en soupente, volets fermés, à la lumière d'une loupiote éthique afin d'écrire les histoires d'un petit écureuil. Nous mesurions l'avancée de notre travail et sa qualité à l'odeur de fauve que nous conservions précieusement, elle était le témoin de nos intenses cogitations et la certitude que nous écrivions un chef d'oeuvre qui serait assurément publié.  Ma copine, qui avait un an de plus que moi, une poitrine en devenir monstrueuse, que j'enviais secrètement, moi, qu'on appelait bout de zan, plate comme une limande, (j'allais écrire limace...), sans le moindre téton turgescent, ma copine, disais-je,  par son ancienneté dans l'apprentissage du français,  tenait la plume. Je donnais les idées et je recopiais, sur une carnet, les aventures de Panache, ce con d'écureuil qui n'a, dans notre livre, jamais fait autre chose que d'amasser des noisettes et bâtir son nid. On passait plus de temps à se raconter des histoires de garçons. Elle lorgnait sur un gars du quartier voisin qu'elle a fini par épouser, je l'ai, depuis très longtemps, perdue de vue... 
Pourtant cette envie d'écrire n'a jamais disparu et je me demande souvent comment font les romanciers pour toucher au plus près, la vraie vie, réussir à nous transporter au coeur des hommes et des paysages. 
Sans doute beaucoup de travail. 
Ce matin je m'y suis essayée au bruit du vent d'ouest et de la douceur de Noël qui approche, au point de ne pas y croire. En ces jours de décembre, il est difficile, par temps gris, venteux et pluvieux, de distinguer le jour de la nuit. Bercée par le chant de la houle et des vagues, je pensais qu'il était quatre heures, or il était déjà celle de courir. Je n'ai fait qu'émerger lentement. J'opterai, cet après midi comme hier, pour le bain, très frais, très, mais salvateur.
Personne ici, avant le tourbillon des fêtes:

"Il se reprochait si cruellement s'être trompé de destin et courait après des chimères. Le bleu du ciel du sud, le chant des cigales, le pastis à l'abri des canisses, la douceur d'une voix féminine jeune, le couple idéal qu'il avait perdu dans les méandres du travail.
Depuis, il affichait un avenir serein, après s'être  débarrassé d'une mégère et de ses trois gamins briseurs de rêve. Il pouvait enfin offrir au monde, une vie professionnelle aboutie, (le haut du pavé), un couple idéal que ne viennent pas pourrir, les courses au supermarché, la fatigue du soir, les obligations des week-ends à emmener les uns et les autres aux compétitions où "tous des cons" vous pose en victime, (la plus grande, il va sans dire) vous gâche le temps libre qui aurait pu être mis à profit sans trivialité.
Il vivait depuis dans l'illusion d'être maître de son destin, bâtissant son bonheur sur une maison choisie, seul, aux murs épais de granite, mettant son bonheur en scène au milieu des livres et des instruments de musique, une vie idéale, faite d'épuisement des désirs, sans contrainte, sans quotidien, sans fils, renonçant à la soumission, à la vie de  famille, libéré des liens qui entravent et empêchent de jouir".

jeudi 20 décembre 2012

Les pieds qui puent.


Avoir les pieds qui puent est une vraie tare, honteuse qui plus est.... En général l'impétrant se repère rapidement. Il y a à sa proximité une furieuse odeur de fromage nauséabond qui aurait plusieurs semaines de bas de frigo. Les chaussures sont souvent à la hauteur des exhalaisons, éculées, pas trop propres. Mais elles peuvent aussi donner l'illusion! Tant que le nid à panards reste clos, rien à redire c'est souvent dans les vestiaires des salles de gym ou dans les pièces surchauffées que l'odeur tend à s'échapper. L'élève qui a des champignons est généralement celui assis près de moi, il allonge ses abattis loin devant lui, si possible sous mon bureau. Je dis élève au masculin, car il est un âge où certains garçons rechignent à se laver, arborant sans complexe le cheveu gras et sale, le pull éculé à l'odeur de fritures et de tabac. Généralement malgré le froid je n'hésite pas à ouvrir en grand les fenêtres, en leur demandant si au petit déjeuner ils sont eu droit aux frites... Les inquiets et soucieux de leur hygiène corporelle  sont bien conscients de leur problème de pieds et ont souvent l'impression qu'on les repère à 100m .....
Le pire est qu'on a du mal à consulter pour des pieds qui puent, on se sentirait  ridicule."Bonjour docteur, voilà je consulte parce que j'ai les pieds qui puent!"Attitude irresponsable qui contribue à  creuser le trou de la sécu!  C'est comme ça que le mal empire, se propageant parfois aux proches qui auraient enfilé les pantoufles sans précaution aucune.
La solution de secours (lorsqu'on est assez intime avec), reste  le pharmacien. Celui-ci  se fait en général une joie de vous fourguer une panoplie de traitements sur lesquels il fait une marge honteuse et qui, à tous les coups, vous feront revenir pour cause d'échec! ....Sauf le vrai pharmacien, celui qui sait rendre son boulot utile et non le vulgaire épicier qui, tout aussi bien, pourrait vous vendre des carottes!*Le vrai pharmacien s'inquiète des émanations, de l'état général du pied, il enquête sur les éventuelles desquamations, les démangeaisons, la couleur de l'entre-doigt-de-pied et parfois même réussit à qualifier la pestilence. Il traite le contenu et le contenant, rappelle la méthode à suivre, pour une efficacité à cinq jours .... voir plusieurs semaines, dans ce cas,  il a le bon goût de vous le signaler.... Il est capable de vous proposer le produit ancestral miraculeux qui a guéri plusieurs générations de damnés. La pommade à base de bave de crapauds ou le tube "tue l'odeur" ... 

Mais il y a plus honteux encore que les odeurs de pieds, avoir le nombril qui pue! Ce petit orifice délicatement ourlé au milieu de votre ventre ne demande qu'à vivre une vie peinarde. Les ennuis commencent lorsque soudain, pour qui pourquoi vous décidez brusquement d'en fourrager les tréfonds afin de le nettoyer en grand, de faire le ménage de printemps..... Un bien pour un mal, car vous pouvez, croyant bien faire, déclencher une poussée de champipis qui ne demandent qu'à s'épanouir en son sein, où l'humidité, la chaleur leur feront un nid douillet....que dis-je leur ouvriront un boulevard, un champ, une cave sombre, humide et chaude! Avantage ça ne sent que quand on le pommade, ( beurk) mais ça gratte, il devient rouge sur les bords comme un phare en pleine tempête, il suinte... Il semble signaler l'hygiène douteuse, le tréfonds calamiteux... En parler au toubib .... au pharmacien?  Faut oser se pencher en toute confidence au dessus du comptoir, comme si vous alliez demander un gode, un produit es-spécial, lui parler de vos maladies honteuses...mais non: "Euh voilà, j'ai un petit souci avec mon nombril....(rire de la jolie pharmacienne qui respire la santé, le propre et le parfum Chanel)
- ah ah et quoi donc, il est percé, les boyaux sortent? (c'est moi qui ajoute)
- euh non, j'ai le nombril qui pue, ça gratte et c'est rouge, je fais quoi???" ....
- eh, bien tu sèches 
- au micro onde? (ça c'est l'humiliation et la honte qui vous font dire des conneries)
- ça me paraît difficile, ...non au sèche-cheveux, ça suffira, tu pommades deux fois par jour, surtout pas de cortisone sinon ça flambe (et d'imaginer le feu au milieu du bide) 
.... et tu croises les doigts pour que ces saloperies ne soient ni récidivistes ni permanentes....

* le bon filon c'est quand même le marché des produits anti-poux ... mais j'en reparlerai ....

lundi 17 décembre 2012

Les mathématiques ... une longue histoire


Faut-il être un génie pour comprendre les mathématiques en France?
A quoi servent les mathématiques? 
Quels plaisirs (et je me mets sciemment au pluriel) peut tirer l'élève moyen de 7h de mathématiques abscons en terminale S hormis le fait de pouvoir avoir un bon dossier scolaire afin d'intégrer l'école de son choix?
Il est très fréquent d'entendre dans une classe les deux tiers des élèves dire, "on ne comprend rien, le prof n'explique pas". Qu'est qu'un prof qui explique bien? 
En gros, les solutions relèvent de la magie, celui qui a trouvé la bonne réponse l'a fait au "pif", après avoir tourné en rond un bon bout de temps ... La chance lui a souri! C'est un peu ce qui m'est arrivé au bac, j'ai séché lamentablement, pendant deux heures, sur la première page du problème, après avoir fait au "hasard" les exercices de probabilité, puisque je ne comprenais rien à la distribution des boules blanches ou noires. Puis j''ai quasiment paniqué sur le problème avant d'aller m'aérer aux toilettes. Au retour, j'ai tourné la page, découvrant comme une andouille que l'on donnait la correction de la première question dans l'intitulé de la deuxième, j'ai alors terminé le tout et ait obtenu un modeste 11/20 dont je ne tire aucune gloire, ayant passé plus de temps à chahuter le prof guère plus âgé que nous, qui arrivait le lundi, avec il faut bien le dire et passer moi l'expression, "la gueule dans le cul".... Le pompon du chahut fut le jour où nous avons balancé son cartable par la fenêtre dans une belle envolée joyeuse, un hop hop hop et zou dehors. Il a vaguement protesté genre, grondement sourd et inaudible, avant que deux volontaires suivent le même chemin afin de récupérer l'outil de travail quelque peu inutile... On l'a payé cher au bac car 9 élèves sur 35 ont échoué.  Pour résumer, du plaisir j'en ai eu, mais pas celui qu'on croit, par contre ce fut une souffrance terrible de ne rien comprendre en première C avant d'échouer en terminale D.
Mais ce n'est pas le sujet!
Cette matière serait-elle la principale et première victime désignée de la constante macabre cher à André Antibi : tout se passe comme si les enseignants se sentent obligés, pour être crédibles, de mettre un certain pourcentage de mauvaises notes dans les classes. Ainsi nos élèves ont un fort sentiment d'injustice, une perte de confiance en eux, "calés" par les mathématiques sur la pseudo élite, forte en la matière. Les devoirs de mathématiques sont souvent trop longs, les exercices  nouveaux ou d'une forme nouvelle pas abordée en cours, ces pièges, devant révéler le génie, sont glissés dans le problème à dessein de dénicher la bête rare capable de soulever le lièvre, bref....
Il y a un problème avec les maths et certains professeurs d'autres matières en général, problème qui consiste à adopter des évaluations de l'échec et non celles de la réussite et des acquis.
Cependant, pourquoi ne pas donner les moyens aux élèves de progresser en leur donnant tout ce dont ils ont besoin?
La théorie d'Antibi suscite débats et polémique, elle aurait concouru à envoyer dans les lycées des élèves n'ayant pas leur place ???
PS: J'ai demandé à la prof de ma fille qui pleurait sur sa note, (avec raison),  comment on pouvait avoir 1/20 en math alors qu'elle avait eu le sentiment de faire quelque chose, elle n'a pas répondu.....
PPS: une de mes correspondantes m'envoie un sms pour me dire que c'est sa faute, sa très grande faute, elle n'a pas travaillé..... ben si! Mais sans doute pas comme il faut..... 

dimanche 16 décembre 2012

Aïda


Hier soir, j'ai emmené l'ado (de moins en moins rebelle) au MET, entendez au nouveau cinoche de Quimper, Cinéville, afin de voir en direct le bel Roberto Alagna interprêter le jeune guerrier Radamès, malheureux puisqu'aimé par la fille du pharaon  Amnéris et Aïda la belle esclave éthiopienne. 
J'aime Verdi, j'aime l'opéra lorsqu'il offre de grands mouvements de foule, des décors à couper le souffle, des choeurs qui prennent aux tripes.
Certes, le ciné n'a pas la chaleur d'un vrai opéra, je n'ai connu que celui de Palerme où nous avons cru mourir de chaud dans les loges, pour une représentation d'Il Tratore de Verdi, avec gitans, capes et épées. Au cinéville, il s'agit pour nous, pauvres provinciaux de goûter aux plaisirs des riches, loin de leur regard, pour quelques euros. La salle était pleine, 246 adeptes du concept, on  est bien assis, l'écran a la bonne taille puisque l'intérêt de ces retransmissions est de voir au plus près les expressions des chanteurs.
Quels coffres! 
L'ado a adoré.

vendredi 14 décembre 2012

Potager et fesses plates


Voici un florilège de la vie avec mon ado....
Quand on devient un potager ...
Saucisse géante et fesses plates.
Maman, sache que tu as vécu plus longtemps qu'il ne te reste à vivre! Tu es vieille ....
Ton pull est bien.
C'est moche, je te l'ai déjà dit! Je n'aime pas tes fringues....
Mon dieu, tu ne vas pas aller à l'école avec ça!
Franchement c'est court ...
Rahh ....
Je ne peux plus bouger.
Je n'ai plus de tickets de bus
Handicapée de la réveillance
Indigne d'une maman
J'ai piscine, tu peux me réveiller un quart d'heure avant ...
Viens goûter
Tu pars, chic!
Tu ne pars plus, dommage!
Pff ...
Non
Non
Non ...
Ouais,
Peut-être .
Super. 

mercredi 12 décembre 2012

La mort est mon métier de Robert Merle


Je ne connaissais pas Robert Merle encore moins ce livre en folio que je suis en train de lire: la mort est mon métier.
Enfin si,  je le connaissais, sans le savoir,  à travers un film de science fiction qui, à l'époque, m'avait profondément marqué, Malevil avec Michel Serrault rescapé avec une poignée d'autres personnes d'une attaque atomique, (adaptation en 1981 par Christian de Chalonges), le propos était l'occasion de libérer les turpitudes et la vraie nature des uns et des autres. 
En parcourant Wikipédia, je découvre sa vie très riche, longue, marquée par la guerre et les soubresauts politiques de son temps, célébré à sa mort par le Monde, comme étant "le plus grand romancier de littérature populaire" en France (1908-2004). Populaire? L'adjectif revêt de suite une connotation péjorative, on se dit, écriture facile, thème à minettes, d'aucun dirait "merde" parce que roman, que nenni! 
Il serait fort utile de le donner à lire à nos élèves plutôt que de les assommer avec le baiser aux lépreux de François Mauriac, car, mis à part le faible  nombre de pages et la scène culte où l'héroïne se frotte le long d'un tronc d'arbre, il y a bien peu de choses pour les captiver, par contre la mort est mon métier pourrait être utilement étudié en parallèle avec nos cours d'histoire sur l'assassinat des Juifs d'Europe. Robert Merle raconte la biographie romancée de Rudolf Höss, commandant du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz, "moral à l'intérieur de l'immoralité, consciencieux sans conscience, ..tout ce que fit Rudolf Höss, il le fit par obéissance au chef, à l'autorité, à l'état, ce fut un homme de devoir et c'est en cela qu'il est monstrueux ".
Le propos de Robert Merle est captivant, moderne, pourtant écrit dans les années cinquante, remarquablement bien écrit. Il prend aux tripes et laisse longtemps un goût amer, à l'origine de cauchemar pénible dans des ambiances sinistres. Je pense également au film le ruban blanc que je n'ai pas vu mais dont les quelques extraits m'avaient fait froid dans le dos.

mardi 11 décembre 2012

Les revenants.


En bonne addicte des séries télé de qualité, j'ai sacrifié aux revenants. Rien à voir avec Borgen dont j'aime la réalité, ici, on plonge dans l'univers glauque des zombies! Des zombies, certes, mais humains, enfin presque puisqu'ils ne dorment pas et ressuscitent dès qu'on en veut à leur peau, par balle, par le feu voire même à coups de hache, mais des zombies bien vivants qui bouffent et baisent!

Cette série demande de la patience, elle avance en subtilité, chaque détail a son importance, il n'est donc pas question de dormir. Les acteurs sont formidables même si parfois, on pourrait se lasser de voir filmer, avec autant d'insistance, les visages inquiets, impassibles, ou torturés par l'angoisse. Tous les vivants ont l'espoir d'un retour définitif mais la certitude que l'être cher est mort et bien mort. 
L'histoire se passe à la montagne, les paysages, le lotissement, l'escalier des immeubles, le local de la main tendue contribuent à créer une atmosphère anxiogène qui n'est pas dénuée de poésie.
J'aurais voulu capter les animaux flottant dans l'eau du lac, prisonniers du barrage, contemplés par trois plongeurs terrifiés, serrés les uns contre les autres, immobiles, les mains croisées sur leur ceinture de plomb. J'ai toujours eu peur des barrages, ces masses sombres, bétonnées qui n'attendent que le moindre frémissement de la terre afin de livrer les milliers de mètres cubes d'eau stockées. Dans le film, le niveau ne cesse de baisser de manière inquiétante livrant à la vue de tous, les restes engloutis d'un village et de son clocher. 
A voir donc!

dimanche 9 décembre 2012

Le marché de la viande


Election des miss hier soir sur la télé, un grand moment de bonheur surtout lorsque les commentaires off vont bon train. 
Je ne sais pas pourquoi mais j'ai eu le sentiment d'être dans une boucherie afin de choisir le meilleur morceau de foie de veau*, ou de steak. 
Je suis arrivée après une première sélection qui avait éliminé les plus moches moins belles, ne restait plus, pour les dernières, qu'à convaincre, en tournant du cul, les derniers téléspectateurs qu'elles seraient les heureuses élues.
En off, les commentaires allaient bon train "aucune chance, foutue, oh non, une beauté etc...." Ici on ne fait pas dans la vulgarité, il n'empêche! 
Le pompon fut l'arrivée des vieilles miss France.... et surtout celles qui ont fini un poil enrobées dans toute la beauté de leur vie de femmes pleine et épanouie, du moins je leur souhaite. Ce fut cruel.
Messieurs, regardez vous dans une glace, il y a fort à parier que vous resteriez au frigo de la bidoche. 
Rien qu'à voir Delon, ce vieux saligaud, empêtré dans son dentier qui en profitait pour pourlicher le cou de miss Bourgogne, je crois bien que s'il avait pu l'embrasser à bouche que veux-tu, il l'aurait fait! 
Je ne suis guère d'humeur primesautière, juste atterrée que ce genre de spectacle existe encore! 

samedi 8 décembre 2012

Culture


La culture ça se mérite! J'ai découvert qu'il n'y avait pas que pour être belle qu'il fallait souffrir mais aussi pour se cultiver: les sièges du théâtre de Quimper sont casse-cul.
Ainsi donc hier soir, pour la deuxième fois de ma vie, je suis allée au spectacle à Quimper. Jusqu'à présent, j'étais plutôt canapé, télé, bière ou écran plat de mon ordinateur, je n'en ai aucune honte.
Le théâtre de Quimper est un grand cube recouvert de bois lazuré (ce qui est fort dommage) posé en plein centre ville. L'aménagement urbain autour de l'édifice est plutôt sympathique, entièrement rénové, l'espace regroupe la médiathèque et un musée d'art contemporain (le Quartier), bientôt on y trouvera un centre des congrès. Pas très loin sur les bords du Steir, à la Providence, le nouveau complexe Cinéville ouvre mardi 11 décembre. Entre les deux espaces, se trouvent des commerces dont la librairie Ravy alliée à Dialogues de Brest. Je dois reconnaître que l'ensemble est très plaisant!
Au théâtre, les spectacles proposés sont de qualité, ils font le plein sans problème, certains mêmes sont pris d'assaut dès le premier jour de la programmation lors d'une foire d'empoigne fête en juillet afin de satisfaire les abonnés de l'année. Pour ma part, m'y étant prise un peu tard  (septembre), l'ado et moi, nous nous sommes contentées de moins grosses pointures.
Hier soir, la grande et fabuleuse histoire du commerce de Joël Pommerat, est une pièce de théâtre qui nous plonge dans le milieu terrible de la vente. Cinq hommes nous ont fait goûter les joies de la concurrence et connaître les pièges du bien vendre. Pour ce que j'en connais, notamment par ceux qui travaillent dans les banques et qui vendraient père et mère, le propos était exact. Cependant, les intentions  de l'auteur vont au-delà de ce que je vous en raconte et de ce que j'en ai compris: "mettre en valeur les idéologies qui orientent et sous tendent les agissements humains aujourd'hui".
J'ai aimé voir cinq hommes jouer dans une mise en scène minimaliste, une chambre d'hôtel glauque, ma fille également.

Mais purée! Qu'est-ce qu'on est mal assis! Comment a-t-on pu concevoir des sièges aussi nuls, un confort aussi spartiate! Des chaises en plastiques dans n'importe quel salle de bourg sont plus agréables que ces strapontins rigides à peine rembourrés. Grands s'abstenir, les genoux cognent le siège du devant! Franchement pourquoi faut-il que l'on se casse le dos pour apprécier autre chose que du cinéma? 
Cela dit j'ai ronflé mais c'est une autre histoire...

jeudi 6 décembre 2012

Filles ou garçons?


Malgré le titre en appât, ceci n'est pas un article qui prouvera l'efficacité du pendule au dessus du ventre proéminent d'une femme enceinte, non point! Mon billet traite des inégalités hommes-femmes.
Alors que l'éducation nationale s'interroge doucement sur les orientations genrées des filles et des garçons, les premières vers les humanités et les seconds vers les sciences dures sans vraiment d'état d'âme sur leur niveau réel, il semblerait que l'université en soit encore au stade " ah bon, y a pas de filles en sciences?Comme c'est bizarre!". Les filles sont massivement inscrites en biologie et sont visiblement loin d'être majoritaires en mécanique (ça on le savait) mais aussi en informatique, électronique, math.... Cependant lorsqu'il s'agit de recruter, de valoriser le monde universitaire, de prouver que oui, les facultés préparent au monde du travail et sont loin d'être des lieux de perditions, ne se présentent devant nos élèves que des hommes, des rudes, des vrais et des étudiants certes hyper motivés et prêts à se battre mais caricatures vivantes de ce que l'on imagine! "Ouais, je veux dire, on est libre, les soirées c'est sympa, on fume, on se bourre la gueule, on se murge, on bédave" ....
Dans le grand amphi, ne se sont présentés, pour faire la propagande, qu'une dizaine de mecs, et une seule femme mais professeur de communication, qui n'avait aucune place dans l'UFR de sciences et techniques!
A la table ronde, lors de cette journée d'immersion des élèves de 1ère et terminale, j'ai tapé fort demandant à la manière de Patrice Juvet "où sont les femmes?" .... Tadaah....
"Il  y en a " m'a-t-on répondu, "ne serait-ce que notre doyenne... absente, certes ... mais cependant, elles sont moins nombreuses pourtant elles sont tout aussi compétentes que nos garçons, nous en avons besoin ...gna gna gna ... ". Le panel sur l'estrade pouvait laisser penser qu'elles n'y étaient pas.... malgré l'auditoire majoritairement féminin....
Alors que faire? 

Pour me consoler, mon cher collègue professeur d'histoire et d'histoire des arts m'a dit "rassure toi à ma table ronde, métiers des arts et de la culture,  il n'y aura que des femmes! tu es contente? "

mercredi 5 décembre 2012

Une virée à Brest, épisode 2

J'aime Brest, sans doute parce que la ville ne s'offre pas facilement au regard, elle se mérite  pour qui sait en apprécier les lumières sur le port et la pointe des Espagnols à l'entrée du goulet. La ville était en chantier, elle a depuis peu son tramway. Ce qui ne se fait pas sans casser quelques oeufs, les malheureux arbres qui agrémentaient la place de la porte au pied de Recouvrance  ont été  abattus.
J'avais besoin de  wasabi et j'ai trouvé la boutique qui en fournit. Logée sous un échafaudage, elle se cache au  79 rue de Siam depuis le début des années cinquante. La boutique de Kerjean, comme au temps des belles goélettes, rassemble de tous les pays du globe,  les délices du palais les plus improbables. Les foies gras du Gers, le rhum, les cafés, le caviar côtoient tous les épices du monde et les ribambelles de piments qui pendent au plafond. La boutique sent bon le curry, en sachet cellophane et non  en  plastique, stocké dans d'énormes bocaux de verre!
Le pépère tient boutique avec une langue bien pendue, un bagout qui donne envie de tout acheter. C'est pourquoi venue pour de la moutarde japonaise, je suis repartie avec des sachets de thé importé et produit par "notre famille restée au pays en Inde!" Il a aussi débiné la concurrence parisienne, traitant les uns ou les autres de noyés ou de trépanés!
C'est la caverne d'Ali Baba, unique dans l'ouest, aussi magique que chez Castroni à Rome, en plus petit et l'expresso en moins!

PS: le thé est imbuvable, le curry quelconque!!! Dommage.....

Une virée à Brest


Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là! Tout le monde connaît de Brest ce poème de Jacques Prévert et c'est un lieu commun de dire qu'il y pleut!
La ville ne séduit pas au premier abord. Il y a deux ans nous y avions amené un ami toulousain, un matin sous un crachin épais. Remontant vers 10H la rue de Siam,il nous avait demandé où était le centre, s'étonnant de n'y voir personne. Il nous avait fait un bon coup de blues d'autant plus que nous avions déposé cet antimilitariste notoire au musée de la marine ignorant que les marins de passages ( beaux comme des dieux dans leurs uniformes bleu... marine ) y faisaient la visite .... Le repas sur le port sous une pluie battante ne l'avait pas déridé ni convaincu de la beauté de la ville! Il était content d'être toulousain, de vivre au soleil à mille lieux de ces atmosphères grises et humides! Si encore il y avait eu du vent ce jour-là, il aurait pu être touché ...et encore!

Lors de ma première visite, un jour de vent glacé, j'avais eu l'impression de voyager dans le temps, les fils électriques dataient de 1950, les immeubles noircis par les années, reconstruits sur plus de 30m de gravats aggravaient cette image d'après guerre jamais effacée. La mairie très stalinienne en haut de la place de la liberté accentuait le caractère " pays de l'est ", la douceur en plus ...
Et pourtant, passées les premières impressions, cette ville est belle!
Elle est belle quand on la devine du haut de la côte de Plougastel-Daoulas, elle l'est encore plus lorsqu'un rayon de soleil perce sous les nuages avant de s'engager sur le pont de l'Iroise ; le blanc domine alors, les maisons blanches sur la falaise, blanc la plage du Moulin ... blanc, blancs les dizaines de réservoirs d'essences, les navires, le port de plaisance, Océanopolis, les voiles.
D'énormes grues orange rythment la perspective du port de commerce.
Ce matin en y arrivant, longeant la falaise noire surmontée d'un épais rempart, on s'est dit que l'étranger devait avoir une impression de forteresse imprenable!
J'ai appris à aimer cette ville.
Dans notre département de vieux, elle est jeune, vivante. Ces dix dernière années, elle a rafraîchi ses façades, animé ses quartiers, décoré et fleuri ses trottoirs, renouvelé son centre, modernisé son université (si injustement oubliée dans la dotation gouvernementale, comme tout le grand ouest....sans doute ne savent-ils pas mentir?).
C'est la cité d'un bord de mer sauvage et magnifique, elle est présente, on la sent dans l'air!
Il y aurait encore beaucoup à dire, à montrer, à défendre!
Pourtant, ce n'est pas vraiment une destination de vacances, dommage!

lundi 3 décembre 2012

Choses privées


Il y a parfois des situations fort stressantes, à la limite du supportable. Le bureau du prof, c'est un peu comme le cabinet secret de Richelieu, le boudoir de Marie-Antoinette, le confessionnal à copies, le grenier des grands-mères, le cagibi du jardinier, on y range ses affaires qui n'ont rien de secret mais qui sont bien à nous. Dans le merdier intégral qui constitue le mien, je m'y retrouve sans trop de problèmes même si parfois je mets trois heures à dénicher trois papiers, que je pensais coincés entre d'autres, qui étaient en fait négligemment glissés dans une enveloppe.
Le processus de re-découverte passe par le rangement-épluchage de tous les dossiers (et dieu sait si j'accumule, puisque dans l'Educ nat, en matière de programme, on fait et on défait plus vite que son ombre et qu'il y a fort à parier que des vieux trucs (20 ans) peuvent très bien resservir un jour.... programme de 1ère et Term S à venir par exemple, note à moi-même penser à faire un billet sur ce sujet sensible), puis le jetage des trucs inutiles comme les vieux articles de journaux, le cogitage intense afin de se remémorer la dernière situation où je les avais en main, pour finalement les dégoter là où je n'aurais jamais cherché! 
Quand c'est moi qui cherche, pas de problème mais quand c'est quelqu'un d'autre, ça frise le viol de mon intimité.... parce que mon bureau, il est à moi!... C'est mon instrument de travail, ma vie, mon antre et on n'a pas le droit d'y toucher surtout si on ne sait pas ce qu'on cherche, si on ne dit pas l'objet de l'intrusion, si on fiche tout en l'air, qu'on fait tomber des trucs sans les ramasser et qu'on me dérange! Certes, le fouillage en mon absence, après tout pourquoi pas, à condition de ne rien prendre ou de me prévenir! Je veux bien qu'on y entre bien que le lieu soit confiné et étroit, qu'y entrer c'est marcher sur mes plates-bandes, mais j'aime qu'on regarde les trucs et les machins qui trônent devant les bouquins, qu'on me demande ce que vaut ou raconte tel ou tel livre, mais qu'on touche? Niet! Que nenni! Non.... 
L'expérience m'a fait réfléchir sur ce que m'a dit ma fille et le rangement intempestif que j'ai pu pratiquer par le passé, genre tornade blanche de monsieur Propre. Personnellement, je préférai quand ma mère me criait dessus pour que je range ma chambre plutôt que de la voir débarquer sans tambour ni trompette afin d'y mettre grand ordre. Cependant, un poil feignante  sur les tâches ménagères (je ne lui donne pas tort), elle ne s'y est jamais risquée.
Alors donc, c'est promis, même si la chambre de l'ado rebelle relève plus du galetas après séisme, demain je n'interviens pas, je ne souhaite pas lui faire ce que j'ai eu tant de mal à supporter!

samedi 1 décembre 2012

Borgen


Il n'y a pas de mal à se faire plaisir et  la télévision  nous gâte en ce moment en produisant  et programmant d'excellentes séries .... 
La dernière en date, sur Arte, Borgen
Les douze épisodes initient  à la vie du  monde  politique du nord de l'Europe, assez peu différent au final des déchirements internes de l'UMP, à la différence que le parti des Fillon-Copé  approche plus du bordel que du "château" (traduction de Borgen).Ce qui me plaît est qu'enfin une femme de fer , plutôt jolie, peu tatchérienne dans la tenue, dirige le Danemark. Sa principale qualité est de ne jamais s'énerver. Sidse Babett Knudsen endosse le rôle avec maestria.
J'aime aussi revisiter les coins les plus plaisants de Copenhague.

La série évoque également le quotidien des protagonistes, politiques et membres de cabinets, journalistes (intègres ou pas). Jeudi, tout particulièrement, nous avons été gâtés! Madame la premier ministre, très affectée par son divorce, (le mari, n'ayant pas  supporté les pressions du métier et les longues journées de boulot de sa conjointe), craque pour son chauffeur. Certes, il a tout fait pour donner envie, débarquant tard le soir afin de lui livrer des dossiers dont elle ne sait que faire, puis s'improvisant plombier. Ouahh ! 
Moi quand je dévisse le siphon de mon lavabo, je suis tout sauf glamour. D'abord j'évolue entre les deux poubelles puantes qu'il a fallu enlever afin d'atteindre le saint graal, je suis à quatre pattes tordue sur le côté afin de dévisser ce qui ne veut jamais se laisser faire  et non pas négligemment allongée sur le dos, dans une pause lascive très sexy. Je ne susurre pas à ma fille, contemplatrice de mes pitoyables efforts, " viens voir comme c'est beau et simple", non c'est plutôt, "putain, fuck ta mère, jamais je ne vais y arriver". Et lorsque le paquet de nouilles mêlées à du persil et des bouts d'ails tout pourris tombe partout ailleurs sauf dans la casserole posée sous le tuyau afin de  recueillir les détritus obstruant l'évier, c'est la crise. Car en plus de déboucher le merdier, faut ensuite passer la serpillère!
Birgit attaque par la cravate et là, là, ... je suis  sure de ne pas avoir été la seule à me dire qu'elle faisait bien de s'envoyer en l'air avec un perdreau, pas de toute première jeunesse, mais tout à fait craquant! 

vendredi 30 novembre 2012

Corsage et tricotin

Explosion de souvenirs mardi à la gym, entre vieilles qui sculptent leur corps (enfin ce qu'il en reste). Inventaire à la Prévert, surenchère à la manière de la liste de courses, ou de la litanie, chacune y allant de son détail! 
Débonnaire au milieu du groupe, plus vieux que toutes, le gourou-prof comptait les points en riant, souvent étranger à ce qui a fait notre univers d'enfants élevées comme des petites filles. Une seule d'entre nous a revendiqué le fait de jouer au foot en short, et pourtant elle est loin d'être la plus jeune! 
Cependant, si j'ai pratiqué à la dînette, j'ai aussi cavalé dans les chemins creux, couru à travers champ et joué au gendarme et aux voleurs ou à tuer le cochon. Mais ce n'est pas le sujet.
Parmi les mots qui fusaient et les étonnements, le corsage, nom étrange aujourd'hui, qui,  selon la boutiquière et néanmoins gymnaste, ne se dit plus. Pourtant,  qui n'a pas connu le dit vêtement boutonné jusqu'au col,  à manches courtes bouffantes, porté sur une jupe bleu marine, plissée?
On a toute fait du tricotin, du crochet, du tricot, des pompons, et même des vêtements. J'ai appris les boutonnières, les plis creux et les ourlets! 
J'ai acheté le livre de cuisine de Ginette Mathiot comme toutes mes copines qui étaient là (hurlement en choeur du nom de l'auteur), et j'ai appris à faire de la crème pâtissière, de la crème anglaise et un roux. Je me suis essayée à la pâte à choux en pure perte puisque l'immonde boule noircie, façon fromager du Poitou, était noire comme du charbon et dure comme de la pierre. 

Normalienne, on faisait travail manuel obligatoire (les garçons y échappaient) une heure par semaine. J'ai le sentiment d'avoir appris l'art de cuisiner et de coudre non pas pour moi mais afin d'enseigner à d'autres jeunes filles l'art d'être une bonne ménagère. Je ne me sentais pas concernée sauf lorsque j'ai eu envie de me fabriquer une jupe que je ne pouvais m'offrir. 
Sur un modèle façon "hippy", je me suis ensuite essayée au point de croix et à la broderie, élaborant sur un tissu rouge vif de longs épis de blé mêlés à des fleurs de bleuet. La mode était passée quand j'ai pu le porter.

mercredi 28 novembre 2012

A dangerous method

Vous allez dire: elle est gonflée, critiquer un film alors qu'elle s'est empafée sur le canapé à l'arrivée d'Otto Grass joué par Vincent Cassel, excellent comme d'habitude, pendant la querelle entre Jung et Freud... Oui j'ose! Je me suis réveillée sur une scène "hot", entre Jung et sa patiente me disant que la psychanalyse avait ainsi réglé le problème de la jeune femme, "hystérique", névrosée.... Ouf!
Ensuite, je n'ai pas trop compris et ai dû consulter google et wikipedia afin de cultiver mon cerveau plus enclin à faire l'huître,  usé qu'il était par une journée de boulot, une séance de gym et un bon flip.

Cependant, le film m'a marqué au point d'en rêver cette nuit et de me réveiller avec des regrets (de ne pas avoir tout vu), des interrogations sur le destin des uns et des autres notamment celui de Sabina Spielrein.
La patiente est jouée par une actrice à la beauté à couper le souffle qui est capable de s'enlaidir, de se tordre le visage afin d'exprimer toute la douleur qu'elle a connue enfant sous les sévices de son père. Celle ci devient une éminente psychanalyste et médecin, elle retourne vivre avec ses filles à Rostov sur le Don où elle meurt en 42 sous les balles des Einsatzgruppen. On comprend aussi pourquoi Freud décède des suites d'un cancer de la mâchoire, il tripote en permanence un barreau de chaise monstrueux, bien cancérigène!
J'ose ainsi conseiller le film aux personnes en pleine forme, prêtes à goûter les dialogues percutants et instructifs entre Jung et  Freud. Coup de bol, il passe à la télé!
(J'aurais peut-être regretté mes 6 euros!)

lundi 26 novembre 2012

Les vacances au ski ...


Je vais finir par détester les vacances au ski ...
La première raison est de concilier les désirs des uns et des autres sur les dates de vacances, chacun voulant profiter au maximum de toutes les opportunités, et notamment les joies du nouvel an ... 
La deuxième raison est qu'il faut, chez moi, faire coïncider les prix les plus bas à la limite de l'indécence avec le haut de gamme, si possible en pied de piste, repas compris ou proximité des bistros et des restaurants au cas où une crise de flemme toucherait une partie de la compagnie.
Autant vous dire que la mission est impossible à honorer, tout ce qui correspond aux critères sus-nommés est cher, hors de prix, tout ce qui correspond aux prix les plus bas se situe à des kilomètres des premières remontées mécaniques et est en général tout pourri.
Si vous ajoutez à cela que, s'y prendre en novembre pour le nouvel an, voire pour  février relève de l'inconscience la plus totale car tout ou presque est déjà loué. 
Qui a dit CRISE
Que dalle, la neige n'est pas encore tombée que toute le monde a réservé son home-sweet-home pour le nouvel an, les hôtels sont blindés, les chalets en bois loués, bref... 
Tout va très bien madame la marquise!
La troisième raison est que si j'apprécie pleinement le crissement des pas sous et sur la neige, les guirlandes sur les chalets de montagne, la tartiflette près de la cheminée, je suis d'avance morte de trouille de me péter un genou, je suis donc totalement maso! 
Allez savoir pourquoi je m'emm... à chercher la perle rare alors que perso, je préfèrerais marcher en raquettes sous les arbres, en mère peinarde, dans le silence et la quiétude d'une après midi d'hiver ...Sans avoir 900 de bornes à faire .... En plus!
Cela dit, il y a pire dans la vie ....

samedi 24 novembre 2012

Une virée à Rennes.


J'ai découvert le nouveau Rennes, celui que je ne connais pas si ce n'est pour l'avoir traversé rapidement autrefois, le quartier de Beauregard entre barres d'immeubles et friches. Aujourd'hui, trouées vertes, pistes cyclabes, immeubles à l'architecture novatrice constituent un espace probablement très agréable à vivre. On trouve aussi dans ce quartier un musée digne de la Bretagne, le Fond régional d'art contemporain.
Il y a quelques années je suis allée en formation au Frac de Bretagne qui alors abritait ses collections en partie dans l'ancien séminaire de Châteaugiron, bâtiment vétuste, froid et humide. Depuis quelques mois, la région s'est doté d'un musée superbe, qui honore les artistes  et permet de stocker et exposer dans un cadre magnifique des oeuvres de qualité et de renommée internationale.
Jusqu'au 9 décembre se déroule la biennale d'art contemporains de Rennes autour de la notion de pionniers, elle s'intitule les Prairies. C'est une très belle exposition, à découvrir en même temps que le bâtiment. Il est fort dommage que le Ouest-France n'ait pas évoqué dans les pages Bretagne l'inauguration du lieu, ni les expositions qui s'y déroulent. En laissant moins de places au blanc entre les lignes afin de faciliter la lecture pour les nombreux presbytes qui constituent son lectorat,  sans doute pourrait-il ajouter deux ou trois articles sur la vie culturelle bretonne qui ne se limite pas aux vieilles charrues de Carhaix ou au festival du bout du monde!

vendredi 23 novembre 2012

Pieds noirs


Mon oncle est originaire d'Algérie, d'Oran. Quand il était jeune il a joué au basket avec Navarro (Alias Roger Hanin) . (ça ne nous rajeunit pas, ça, ma brave dame!) . 
Je me plaisais à l'imaginer sous les paniers à mettre des buts. Il est venu un jour à la maison avec toute sa famille  qui était installée à Toulon après 1962. Il y avait de la limonade et de la joie de vivre. Ce jour-là,  un vent de folie a soufflé dans la cuisine, entre la table et le poêle. Ils étaient forts (un peu enveloppés) mais tellement vivants par rapport à nous. Ils venaient avec l'accent (po po po) et des  oranges amères dans une caisse qui sentait le soleil dont j'ai gardé l'image. Elle me faisait rêver. J'ai toujours cru qu'elle venait d'Oran. En fait, ils habitaient le sud depuis trois-quatre ans, mais leur monde était rempli de l'Algérie perdue, du soleil sur la mer bleue et des murs blancs de la ville.
Il y a peu, la caisse  s'est brisée sous le poids du bric-à-brac qu'elle contenait et j'ai dû me résoudre à la jeter sans oublier toutefois d'immortaliser cette image qui me faisait rêver. Je vois aujourd'hui qu'elle venait du Maroc!
Il faisait beau et chaud et c'était tellement autre. Les femmes étaient vivantes, gaies, joyeuses enrobées et tout ce monde parlait fort et prenait beaucoup, beaucoup de place pour moi qui étais très petite. Ils ne sont venus qu'une fois, ma mère, française franchouillarde en crevait des millions qu'ils étaient censés avoir reçus en guise de dédommagement. Pourtant le pays en pleine " trente glorieuses"  a absorbé cette main d'oeuvre et ces nouveaux qualifiés sans  problème.

mardi 20 novembre 2012

Hélène


Ma grand-mère s'appelait Hélène ou Marie, je ne sais pas trop au juste, je ne l'ai jamais connue. Elle est morte il y a très longtemps, en se suicidant avec un fusil dont elle avait mis le canon dans sa bouche. Enfin je crois. Je crois pour la façon de mourir, mais pour le suicide j'en suis sure. 
Mon père avait 15 ans. La version officielle qui me fut transmise par ma mère, et uniquement par elle, est que son mari la trompait.
Est-ce une raison suffisante?
Je me suis toujours demandée comment on pouvait mettre fin à ses jours pour le non-amour d'un homme alors que deux enfants, toujours jeunes, vivaient encore dans la famille. Je me suis interrogée sur le fait que le "mari et  père" ne soit rendu compte de rien, trop absorbé qu'il devait être par la maîtresse.
Mon frère dirait que c'était l'air du temps et qu'on ne se préoccupait alors pas trop des sentiments des uns et des autres. Que la vie était à marche ou crève.
Ma mère en tirait une conclusion de cause à effet, il fallait toujours "coucher" avec son époux sous peine de le voir aller ailleurs! J'ai compris cette formulation tardivement lorsque j'ai lu, Jeanne et les siens. Ce livre m'a éclairée sur les moyens de contraception efficaces à 100% que finissaient par adopter les couples lorsqu'un enfant naissait chaque année: faire chambre à part. Si la femme semblait alors se contenter de pouponner, si elle pouvait trouver refuge dans son métier et l'amour de ses enfants, le mari, lui ne pouvait s'en satisfaire et partait courir le "guilledoux". Rien de plus normal! 

Alors le suicide?
Je me suis demandée ensuite si la tentation du suicide était héréditaire, si la dépression qui en était à l'origine au point de créer une rupture soudaine dans l'état d'équilibre, se transmettait de génération en génération, si quelque part en moi il n'y avait pas ce sentiment d'impuissance qui mène à la mort?
Bof, questionnement à la con, sans doute....
Je ne suis pas vraiment d'humeur très gaie. 
Il n'y avait donc pas de secret de famille, rien que du cru, bien étalé, mais j'en tirai une certaine gloire comme si on pouvait être fière d'avoir eu une grand-mère assez courageuse pour se flinguer! C'était quand même plus héroïque que de mourir tout connement dans son lit de la tuberculose!
Une autre histoire me faisait fantasmer, celle d'un arrière grand-père trop petit pour partir à la guerre, qui était mort des suites d'un coup de pied de cheval!
De titre de gloire, il n'y en a pas dans la famille, si ce n'est que mon grand-père du côté maternel n'est pas mort à Verdun, qu'il a tenu 4 ans dans les tranchées, qu'il était au trou lors d'une grande offensive sur le front  et qu'il n'a même pas attrapé la grippe espagnole qui faisait des ravages car il carburait à l'aspirine alors qu'infirmier il côtoyait des soldats contaminés.

lundi 19 novembre 2012

L'art en guerre

Excellente exposition au musée d'art moderne de la ville de Paris: l'art en guerre, France 1938-1947.
Les adolescentes " pas si rebelles" ont adoré, moi aussi.
J'ai particulièrement apprécié la salle qui présente l'art dans les camps et notamment celui de Drancy dont je suis en train de lire l'histoire: à l'intérieur du camp de Drancy, d'Annette Wieviorka et Michel Laffite.
Cet ouvrage est remarquable par sa précision, et la rigueur de son écriture (le livre se lit facilement). Je découvre que Drancy est plus qu'un camp de transit, un vrai camp de concentration. Une aquarelle exposée au MAM entrait en résonnance avec ma lecture mais je n'ai pu la photographier. On y voyait un nazi rédiger une lettre du dernier étage de l'immeuble face à la cour de Drancy, ses déportés et ses tinettes. 
L'exposition mêle, documents d'histoire et oeuvres d'art. Si le parcours manque un peu de lisibilité et de praticabilité,  l'accrochage reste pédagogique, passionnant et montre à quel point on ne peut couper une oeuvre ou un artiste du temps présent qu'il connaît.
Les nombreux tableaux de Matisse d'après guerre nous font respirer après les huiles d'un peintre régional que je ne connaissais pas mais qui, dans sa cuisine, n'a cessé de dénoncer Hitler et ses sbires: Joseph Steib  et son salon des rêves.
Tout aussi intéressantes sont les photographies montrant les artistes  compromis avec le régime de Vichy et l'Allemagne nazie. 
Parmi les oeuvres remarquables à ne pas manquer,  je ne saurais trop conseiller, Mickey au camp de Gurs, "publié sans l'autorisation de Walt Disney" de Horst Rosenthal, déporté le 11 septembre 1942 pour Auschwitz.

Une recommandation, toutefois, presbytes n'oubliez pas vos lunettes et âmes sensibles, prévoyez un temps de zénitude après l'expo, comme par exemple, la visite de celle de Roman Ondak également au musée, artiste vivant et ultra contemporain. Vous aurez le privilège, si vous le souhaitez, de contribuer à  son oeuvre  en y laissant votre prénom et la date de votre passage accolé au trait indiquant votre taille. L'idée est vraiment géniale. Dans un premier temps, on se demande ce que cela représente, puis on pense à sa propre enfance lorsque notre mère, armée d'une réglette, nous mesurait, laissant au mur la progression de notre croissance. Fièrement, on pouvait apprécier les quelques centimètres gagnés au cours des mois passés, là on se réjouit de laisser une trace, certes éphémère! 
Le visiteur, l'air benêt, revenu en enfance, se colle au mur tandis qu'une hôtesse le mesure. Les photos sont autorisées pour une fois, et l'on peut immortaliser sa visite au musée!

samedi 17 novembre 2012

Paris photo


Nouvelle virée à Paris, mais  j'ai le chic pour choisir les temps gris et humides. Cependant si la course à pied du petit matin a été super dure parce que mon ventre criait famine, un poil fatiguée par la route et le footing de la veille, Paris en vélib depuis les jardins du Luxembourg vers la rue du Pont Neuf,  reste toujours une chouette balade. Trois quart d'heure avant l'ouverture, quelques vaillants Japonais, décalés par les horaires font les plantons devant les portes du Louvre, les terrasses sont déjà remplies de fumeurs devant un petit noir bien serré. Les cloches ont planqué, sous quelques bancs, leur lit de fortune et commencent à arpenter les rues, la sébile à la main. Un poilu, à peine levé, roulait une clope tandis que ses deux clebs finissaient leur nuit sous la couette d'où ne sortaient que leurs museaux. 


Aller à Paris est toujours pour moi l'occasion de découvrir un nouveau quartier, ou une petite ruelle. J'ai découvert la TGB et le quartier de Bercy, épatant sous le gris. Vue de dehors, je trouve la TGB datée architecturalement, grisâtre mais le dedans, du moins au rez-chaussée, est top, moquetté, cosy, accueillant. J'aurais aimé, étudiante, pouvoir travailler dans un tel cadre. 

Deux expositions sympathiques pour  spécialistes et non spécialistes puisqu'on découvre les trésors de la bibliothèque: 
- la photographie en cent chefs-d'oeuvre
Il est difficile de savoir pourquoi tel ou tel cliché est montré en exposition. Lire le commentaire en ligne  ne m'éclaire pas plus (explorer la signification du concept de chef d'oeuvre ???) ou alors je suis particulièrement cruche... Cependant on passe un bon moment, et j'aime assez voir Zola couché dans l'herbe sur le côté, son chien entre les bras, pris en photo par sa femme. Le vieux bonhomme mettait en scène ses deux vies, celle avec son épouse, l'autre avec sa maîtresse. La boutique de hamburger prise au polaroïd est épatante.


- l'âge d'or des cartes marines. Quand l'Europe découvrait le monde.
La BNF possède la plus grande collection au monde de portulans, on y découvre les cartes qui ont permis à Magellan ou Marco Polo d'explorer le monde.Ces cartes sont de véritables chefs d'oeuvre!

vendredi 16 novembre 2012

Mes chaussures façon graou


J'adore Caroline quand elle s'exhibe en robe graou ou qu'elle craque sur un bout de tissu de chez Monop, pur graou. Je raffole de l'expression, j'en rêve, je la savoure comme un bonbon, je la tourne en boucle, bref, j'en suis fan. J'aime aussi le concept "petites papattes dessinées façon chaton" ...
Si ça ne faisait pas, parfois,  un poil vieille peau qui se la pète jeune, je craquerais volontiers pour la panoplie. Là j'ai craqué pour la paire de grolles.
" Oh! Mon dieu" a dit ma fille "tu as osé...Je n'ai pas vu comment tu es partie ce matin.
J'ai découvert en classe, j'avais la honte grave.... Ils ont dû trouver ça horrible, j'ai oublié de demander mais pitié, tu évites tant que je suis au lycée ...."
Oui, bon, faut rien exagérer non plus, ce ne sont que des mocassins à la coupe mode, juste en faux poils, façon graou, pas des escarpins à 10 cm de talon et je ne suis pas en robe moulante exhibant des nibards à faire péter d'envie ou comme le dit si justement la bonne dans "fait pas ci, fait pas ça" de cette semaine : "des seins comme des obus et des yeux qui crient braguette.... "( J'ai ri aux éclats et la série m'a fait un bien fou. La télé peut venir à bout de la dépression la plus sévère...)
Rahh lovely!
Le problème est que le graou est vachement difficile à accommoder. Faut mieux du noir, de l'uni, du soft un peu court, pas du moulé mais pas du ample, bref, il y a des chances pour que je ne les use pas.
En pantalon, le modèle passe mieux.

mercredi 14 novembre 2012

Les rats .


J'ai vu les fameux rats de luxe de mes amis ce week-end à Angers. Puisque le fils prodige est parti vivre de nouvelles aventures vers des horizons lointains, les rats sans passeport, ne pouvaient voyager hors de France. Ils sont donc à Angers dans cette ville bourgeoise où j'imaginais un lâcher de bestioles, grouillantes, porteuses de la peste s'égayant dans les jardins, les égouts, les rues pavées, les caves médiévales et les cours gallo-romaines. En effet, avant d'être moyenageuse, la ville est d'origine gallo-romaine comme l'ont si bien mis en évidence les Ayatollahs archéologues dont la vie professionnelle est de pourrir les urbanistes, les promoteurs immobiliers, "le bon maire" qui ne veut que le bien de ses concitoyens, en créant des jobs dans les services hôteliers, le ménage des bureaux pour les remplisseurs de paperasses et les loufiats des bistrots-bar-tabac. Ainsi, les rats habitués des nécropoles presque antiques vont devoir prochainement hanter des immeubles laids, dont on se fiche comme d'une guigne tandis qu'un champ de fouilles inestimables sera enterré pour l'éternité sans livrer ses secrets. Angers est un peu comme Le Caire on ne peut faire un trou en centre ville ou près de la gare sans dénicher un trésor, il faut mieux s'en faire une raison et différer toute construction sous peine de se voir priver de sources historiques fondamentales. Ce n'est pourtant pas le choix de nos administrateurs qui n'ont aucun penchant pour le passé et tentent, en douce de passer en force afin d'édifier leur projet de bureaux. C'est sans compter sur la vigilance des historiens qui veillent au grain et réveillent l'opinion. Les archéologues n'attendent donc que le feu vert des autorités supérieures afin de commencer les fouilles près de la gare. Il y a peu on mettait à jour un temple dédié au dieu Mithra, il y a fort à parier que cette fois-ci on trouvera encore force fibules, colliers et autres objets. Pour une fois, je me réjouis qu'une administration contrôle les municipalités et les empêchent de commettre l'irréparable.
Mais ce n'est pas le sujet. 
J'ai découvert que des rats, même de luxe, ça pue, ça fouette, ça cocotte, ça puire et c'est immonde, surtout leur queue... En plus, je ne sais pourquoi mais je les imagine mordre... Il fallait les voir s'arquebouter au morceau de pain bien sec. Je me suis dit qu'ils pouvaient très bien vous arracher un bout de mollet sans aucun problème. 
Leur vie est en cage, de luxe certes, mais, commune en réalité, genre cage à hamster mais en mastodonte. Le loft qui sert à regarder des films sur grand écran est donc pourri par un fumet de pestilence rare, entre la merde, le fumier et le fauve, une odeur de cage de cirque, de fumier de lapin en pire. Je préfère encore les rigoles de purin qui coulaient des étables autrefois ou l'odeur de crottin. Voilà qui est chic, le crottin, ça se marie bien avec les chasses à cour des bords de Loire, des châteaux environnants mais des rats....Non!

mardi 13 novembre 2012

Argo...


Aller à Angers est aussi l'occasion de se rendre au cinéma à pied! Ce qu'on a fait samedi soir.
Le cinéma des quatre cent coups n'a pas vraiment changé, des salles toujours aussi petites, avec les écrans qui vont avec, des fauteuils qui permettent à nos genoux de toucher le menton, sans que l'on puisse vraiment y adosser la tête, un confort, certes, moelleux mais étroit ; par contre il y fait chaud, pas comme ici où un courant d'air froid  vous plombe la soirée petit à petit. Pour autant, le ciné fait le plein de couples dans la fleur de l'âge, intellos bon teint, accompagnés ou non de leurs grands enfants, samedi soir oblige! Etonnant, je suis plutôt habituée à la faune d'ici et ses vieux en retraite.
Argo est un film bien ficelé, haletant alors que l'on connaît la fin, excellemment bien reconstitué notamment dans les costumes, à tel point que le mélange images d'archives/film passe plutôt bien.
J'ai toutefois trouvé fort dommage l'air ahuri vide de Ben Affleck, à la lèvre supérieure humide, presque irriguée par un petit filet de bave. A moins que cela ne tienne aux gros plans répétitifs sur son visage inspiré, afin de capter le stress, la détermination du héros ou son intelligence?
Bref, c'est un film instructif pour l'adolescente rebelle qui a tout compris et bien aimé, notamment le collusion entre la soft et la hard power, Hollywood et la CIA. 
On ne s'ennuie pas une minute, je n'ai pas dormi, (c'est un signe) ... et ce fut aussi pour moi l'occasion de revoir un vieux pote du lycée que je n'aurais pas reconnu si on ne me l'avait pas présenté. Par contre pour lui, aucun doute, j'étais bien moi. Dois-je m'en féliciter?
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