vendredi 21 octobre 2011

Ma poissonnière


Mon poissonnier qui porte haut le chapeau breton est en vacances pour quinze jours, encore ... oserais-je dire, le maquereau nourrit son homme! Pas question d'acheter à intermarché du poisson destiné à être mangé cru, j'ai donc fait appel à mon réseau, fin connaisseur de ce qui se fait de mieux en fraîcheur maritime.
Ici faut aller chez Chantal, installée en ville! Moi je veux bien mais à chaque fois que je passe devant la boutique une odeur à faire accoucher une couvée de singes en plein vol se dégage en permanence du seuil, ce qui n'incite pas à y faire son marché...Ne pas se fier à l'odeur, c'est la meilleure, m'a-t-on dit et en plus, larguée en d'autres temps par un ingrat qui la laissa sur la paille, elle a su rebondir, s'assurer une clientèle fidèle et de prestige, elle mérite amplement qu'on la soutienne, j'ai pu en juger aujourd'hui.
Ma commande avait été passée par téléphone par mon indic, je me suis mise dans la queue ....Il faut avoir du temps pour aller chez Chantal, et ne pas se fier au nombre de personnes qui attendent, il y a en réalité le double de clients, car Mathilde fait aussi le plein pour Marie-Jeanne et la mère et la fille, Rose et Rosalie, remplissent toutes les deux leur panier. Donc patience! 
Cela étant, cela passe vite. Elles font le spectacle.
Renée, d'abord, elle boitait ce matin, sans savoir pourquoi! Elle s'est réveillée  sans pouvoir se lever à 5h30 puis a fini par se sortir du lit, mais avec une douleur au pied. "Codéïne, tu devrais prendre de la codéïne", commentait Marie-Suzanne fine experte en médoc! (Moi la seule fois où j'ai pris de l'efferalgan codéïné, je suis restée collée sur la chaise longue, sans même pouvoir aller pisser, j'étais à deux doigts de faire sous moi, plus jamais je ne reprendrai cette saloperie ; j'imaginais donc Renée, le nez dans les sardines se soulageant sur les cageots de langoustines, ce qui somme toute pouvait expliquer les odeurs du dehors quand on passe sur le trottoir, mais je m'égare).  "Je verrai ce soir", assurait Renée, cuisant des kilos d'araignées, battant la mayonnaise ou s'asseyant deux secondes afin de reposer son pied. 
Chantal servait, à mains nues les langoustines vivantes! "Ben oui, jamais avec des gants, à mes risques et périls! J'ai failli mourir de douleur l'autre jour quand une salope a planté sa pince dans le gras de ma main, ça a crissé. Ahh! Mais je préfère encore ça aux piqûres, car j'ai peur des piqûres". 
" Aurais-tu des moules? " " Mais non malheureuse, elles ne sont pas bonnes, ce n'est pas la saison, en mai, on va faire durer l'attente,  je n'ai que du bon, tu peux me faire confiance...Renée, on va manquer de mayonnaise! Ah elles sont bonnes mes bouchées, hein? Trois euros quinze les trois maquereaux, rien que du frais, tu vas te régaler! Ben quoi, pas encore partie? Ah ah ah ... ". "Tiens, Renée a mis la musique, ça me rappelle un certain mariage qui n'a pas duré" .... 
Au final, nous testerons ce soir le fin du fin, et je le jure, si c'est bon, j'y retourne et je largue mon poissonnier au chapeau rond!

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