lundi 31 octobre 2011

Palerme

Je rentre de Palerme, quelques photographies avant un rapport circonstancié...

Palerme

Palerme, ma foi, c'est ...
Ambiance XIXème siècle, dans les catacombes des Capucins où les Palermitains ont voulu se faire exposer après leur mort, pour l'éternité. Plus de 8000 corps, habillés, vous sourient de toutes leurs dents. Il y en a partout, les hommes debout, les femmes couchées, les enfants enrubannés. C'est gore, mais après tout ils l'ont bien voulu....

Ambiance XIXème siècle toujours, au théâtre Massimo, un des plus grands d'Europe, on pouvait y mettre 3000 personnes et y faire entrer sur scène des éléphants. Aujourd'hui, 1500 spectacteurs, ce qui est grandement suffisant. Il y a pléthore d'hôtesses, hommes ou femmes qui vous guident dans le dédale des couloirs vers votre loge. On y vient sapé, pouilloux s'abstenir sous peine de subir le regard courroucé des femmes en décolletés noirs et stricts. J'y ai vu un magnifique opéra de Verdi, il trattore....avec gitans, capes et épées, vengeances et meurtres. Mon premier opéra en live, dans un lieu de toute beauté! 

Ambiance ville, cracra et linges au balcon. Palerme est un mixte de la Turquie avec des rues spécialisées, de l'Afrique par les nombreux clandestins qui ont réussi à passer par Lampédusa et de l'Italie du nord. C'est une magnifique ville en pleine réhabilitation... Il est temps vu les tombereaux de pognons que la Feder a dû verser et qui sont partis dans les poches de la mafia. De courageux et jeunes conseillers municipaux tentent d'embellir et de sauver la ville avec succès. 

Ambiance pieuse. Certes, c'est bientôt la Toussaint mais le Palermitain croit en dieu. Sévèrement. Les messes sont quotidiennes, les oratoires nombreux, les mariages furieux, gare à celui ou celle qui trompe son conjoint, le curé braillait comme un âne, proférant probablement les pires menaces, le mariage c'est à la vie à la mort. 

Ambiance bouffe. J'ai trouvé qu'on y mangeait mieux qu'à Rome. On peut se lâcher sur le poisson, les calamars et l'espadon, le tout simplement grillé, avec une petite salade et du pain au sésame. Les pâtes sont aussi excellentes et nous avons goûté  la préparation à la sardine, (avec les arrêtes) pignons de pin, menthes et je ne sais quoi. Fameux!  

Ambiance station balnéaire à Mondello, mais pas du tout ce à quoi je m'attendais, une station des années cinquante et peut-être même avant, des villas fermées, de rares touristes siciliens venus prendre les derniers rayons de soleil ou quelques valeureux touristes bretons, goûtant une mer bleu azur à 22° au bas mot.

samedi 29 octobre 2011

Marcher sous la pluie à Palerme

Palerme mérite largement qu'on la visite plusieurs jours au même titre qu'une capitale. Je conseille donc vivement cette idée qui, à priori, peut paraître saugrenue.
Marcher sous la pluie à Palerme ne présente pas que des inconvénients. Certes, c'est ce qu'on appelle ici, la drache, une pluie torrentielle qui remplit les caniveaux, trempe les chaussures à tel point que les croquenauds de ma fille, neufs, ressemblent maintenant à des chaussures de clodo, à la semelle décollée, et décolorées.
D'abord il ne fait pas froid, (à Londres où nous voulions aller au début, on se serait pelé), on peut donc aisément crapahuter en petite tenue estivale fin octobre, enfin,  les vendeurs de parapluie pullulent. Quand il fait beau, ils vendent des briquets, des pébroques sous la flotte!
Les églises quand elles ne présentent pas porte close, (alors que tout indique qu'elles devraient être ouvertes) constituent des asiles bienvenus. Il y en a à tous les coins de rues, elles restent à taille humaine mais croulent sous l'or, l'argent, les marbres et les bois précieux. (et les faux marbres de Serpotta en ossature bois, enduite d'une pâte secrète à la patine translucide). 
Mais la plus belle est incontestablement celle de Monreale avec son Christ Pantocrator, figure géante de Dieu, bénissant l'humanité,  que tout le monde connaît pour l'avoir vu dans les livres d'histoire dès la cinquième ....

vendredi 21 octobre 2011

Ma poissonnière


Mon poissonnier qui porte haut le chapeau breton est en vacances pour quinze jours, encore ... oserais-je dire, le maquereau nourrit son homme! Pas question d'acheter à intermarché du poisson destiné à être mangé cru, j'ai donc fait appel à mon réseau, fin connaisseur de ce qui se fait de mieux en fraîcheur maritime.
Ici faut aller chez Chantal, installée en ville! Moi je veux bien mais à chaque fois que je passe devant la boutique une odeur à faire accoucher une couvée de singes en plein vol se dégage en permanence du seuil, ce qui n'incite pas à y faire son marché...Ne pas se fier à l'odeur, c'est la meilleure, m'a-t-on dit et en plus, larguée en d'autres temps par un ingrat qui la laissa sur la paille, elle a su rebondir, s'assurer une clientèle fidèle et de prestige, elle mérite amplement qu'on la soutienne, j'ai pu en juger aujourd'hui.
Ma commande avait été passée par téléphone par mon indic, je me suis mise dans la queue ....Il faut avoir du temps pour aller chez Chantal, et ne pas se fier au nombre de personnes qui attendent, il y a en réalité le double de clients, car Mathilde fait aussi le plein pour Marie-Jeanne et la mère et la fille, Rose et Rosalie, remplissent toutes les deux leur panier. Donc patience! 
Cela étant, cela passe vite. Elles font le spectacle.
Renée, d'abord, elle boitait ce matin, sans savoir pourquoi! Elle s'est réveillée  sans pouvoir se lever à 5h30 puis a fini par se sortir du lit, mais avec une douleur au pied. "Codéïne, tu devrais prendre de la codéïne", commentait Marie-Suzanne fine experte en médoc! (Moi la seule fois où j'ai pris de l'efferalgan codéïné, je suis restée collée sur la chaise longue, sans même pouvoir aller pisser, j'étais à deux doigts de faire sous moi, plus jamais je ne reprendrai cette saloperie ; j'imaginais donc Renée, le nez dans les sardines se soulageant sur les cageots de langoustines, ce qui somme toute pouvait expliquer les odeurs du dehors quand on passe sur le trottoir, mais je m'égare).  "Je verrai ce soir", assurait Renée, cuisant des kilos d'araignées, battant la mayonnaise ou s'asseyant deux secondes afin de reposer son pied. 
Chantal servait, à mains nues les langoustines vivantes! "Ben oui, jamais avec des gants, à mes risques et périls! J'ai failli mourir de douleur l'autre jour quand une salope a planté sa pince dans le gras de ma main, ça a crissé. Ahh! Mais je préfère encore ça aux piqûres, car j'ai peur des piqûres". 
" Aurais-tu des moules? " " Mais non malheureuse, elles ne sont pas bonnes, ce n'est pas la saison, en mai, on va faire durer l'attente,  je n'ai que du bon, tu peux me faire confiance...Renée, on va manquer de mayonnaise! Ah elles sont bonnes mes bouchées, hein? Trois euros quinze les trois maquereaux, rien que du frais, tu vas te régaler! Ben quoi, pas encore partie? Ah ah ah ... ". "Tiens, Renée a mis la musique, ça me rappelle un certain mariage qui n'a pas duré" .... 
Au final, nous testerons ce soir le fin du fin, et je le jure, si c'est bon, j'y retourne et je largue mon poissonnier au chapeau rond!
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