vendredi 5 novembre 2010

Lire le terrain avec lucidité

Lire le terrain avec lucidité et intelligence reste la revendication de deux excellents randonneurs qui ont partagé notre semaine à la montagne!

Un matin, nous avons décidé de rompre avec nos habitudes et de tenter l'ascension du sommet qui surplombe notre gîte. Nous l'avions fait il y a maintenant 12 ans alors que les enfants étaient petits. Marcel (paix à son âme) nous y avait emmenés afin de nous montrer le glacier où les porteurs de glace du patelin s'y alimentaient afin de livrer le casino et les nombreux hôtels qui avaient fait la réputation de la station! Les pauvres bougres revenaient chargés comme des mulets, portant sur leur dos,  des pains de près de vingt kilos  pour satisfaire les buveurs de pastis de la vallée, riches toulousains venus soigner leur maladie honteuse, (les eaux locales avaient la réputation de guérir  la syphilis). Karstique ou pour faire plus simple, truffé de trous, le mont conservait encore jusqu'à peu quelques lambeaux du glacier pourvoyeur de glaçons. Aujourd'hui il n'y a plus rien, hormis de l'eau croupie où fermentent des cadavres de moutons, pauvres bêtes noyées par le stress, incapables de s'extraire de la gangue nauséabonde afin de regagner l'air libre.
Arrivés de bon matin, nous n'avons guère pris le temps de chercher les repères qui marquaient l'entrée du chemin et c'est à la trash que nous sommes partis sur le versant. Au diable, les lacets paresseux d'une petite sente à mouton, nous avons opté pour la directissime. En clair on vise le sommet au prétexte que tous les chemins mènent à Rome et qu'on finira bien par croiser le vrai,  celui marqué par les balises, rouges et blanches, celui qu'on repère difficilement avec les cairns ou la simple pierre posée en évidence sur le rocher. 
La directissime fait la joie des aventuriers, on connaît ainsi  l'exaltation de l'essoufflement, les griffures des branches, les cris du type "ça y est, je suis sur le chemin" mais surtout les commentaires de nos deux schtroumpfs râleurs, dont un qui ne supporte pas l'inconnu en milieu hostile. Quand il ne fait pas demi-tour en nous envoyant paître, il rote et pète de stress puis arrivé au sommet n'en bouge plus et ne retrouve la joie de vivre qu'après avoir été dument nourri à la becquée. Cette année il a reçu le soutien de celui qui souhaite lire le terrain avec lucidité et intelligence!

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