samedi 30 octobre 2010

Kiki de la tute

A l'âge de pierre, dans le Couserans, une tute est l'antre de l'ours des cavernes, une sorte d'abri sous roche. C'est aujourd'hui la résidence secondaire de la Kike.
L'appellation se mérite! La grotte dans laquelle on pénètre par une étroite infractuosité est surmontée par plusieurs centaines de tonnes de granit. On doit pouvoir y faire un feu de bois en position accroupie, l'usage des allumettes et du briquet est toléré mais absolument pas le réchaud, on doit tout pouvoir cuire sur les braises de hêtres aromatisées aux petits bois de rhododendrons ou de conifères. C'est un combustible chèrement gagné, ramassé à la limite de la forêt, arrimé au sac à dos déjà lourd à tel point que parfois l'on tangue sous le poids, sur l'étroit chemin qui grimpe vers la haute vallée."Putain, on n'est pas des gonzesses! " argumente la Kike en soupesant d'une main de professionnel le sac de chacun.
Une fois dans la tute, on en jouit avec bonheur, le portage est le prix de la chaleur et de la convivialité. Les capacités d'enfumage de la tute sont optimales, on sort de là, fumé comme un saumon ou mieux comme une andouille de Guéméné! La position debout n'est possible qu'en apnée et les yeux fermés.
La soirée ne serait rien sans la Kike, volubile, aux anges, ne tarissant pas d'éloges sur le confort cinq étoiles de la tute. Il n'a pas son pareil pour raconter ses aventures en Himalaya, taquiner les jeunes filles de la compagnie "comment tu ne fais pas la vaisselle et tu ne te prostitues pas pour payer tes études ? ben tu fais quoi alors ?"
L'aménagement est spartiate mais suffisant, un bas flanc garni de vrais matelas éculés accueille cinq corps dans le sens de la largeur et trois dans la sens de la longueur. Malheur à celui qui jouxte la porte (enfin l'entrée) de la caverne, il n'est pas à l'abri du petit vent de la nuit. Les parois reçoivent les divers ustensiles de cuisines, grilles, casseroles culottées, ou les réserves de sel, poivre, herbes, tout ce qui fait un bon festin!
Un ganesh qu'il est bon de prier afin de garantir le beau temps, veille sur les courageux montagnards venus y passer le week-end! Toutefois quelques munitions bienvenues contribuent à oublier le confort rustique: une soupe en sachet, les saucisses et côtelettes de chez Pistol (le meilleur agneau de la région), le moulis et surtout les cinq litres de rouge du cubi, la bouteille de blanquette de Limoux, dignement sabrée, les bières, le pastis, la poire et c'est en alcoolique que l'on goûte au sommeil dès 9h du soir car les libations ont bien souvent commencé vers 16h lorsque le jour, cette fin octobre, se fait ténu ... Les isards n'ont aucune crainte à avoir, les corps avinés n'en peuvent plus, le renard seul profite des os balancés dans l'herbe. La nuit on les entend craquer sous leur puissante mâchoire.
Le fin du fin est de se lever à trois heures du matin, de contempler un ciel étoilé par -3° sans nuage puis de se glisser dans le sac de couchage en duvet d'oie. C'est aussi au petit jour, découvrir la Kike en position d'observation des isards, les jumelles vissées sur les yeux, tourné vers les sommets.
La journée est riche, on explore généralement la vallée dans ce qu'elle a de plus sauvage, on franchit des cols, on se baigne pour tenter de laver la fumée dans les torrents glacés, on se chauffe sur l'herbe et surtout on mange et on boit ce qui a survécu de la veille, avant le café et la sieste! La Kike est torse nu, le bob vissé sur la tête, il profite!
C'est à la nuit noire qu'on rentre au village, bienheureux!
J'ai souvent une pensée émue pour ceux d'autrefois qui arpentaient la vallée pour ramener d'Espagne, les fromages ou les jambons, pieds nus le plus souvent pour ne pas abîmer leurs sabots, 20 km et 2000 m de dénivelé cumulé, au bas mot ...

samedi 9 octobre 2010

Rome, le retour


C'est la troisième fois que je vais à Rome et ce n'est probablement pas la dernière. Je connais maintenant des Romains, des vrais et j'ai même fait deux soirées chez eux, dont une mémorable! Dieu merci, l'essentiel du repas s'est déroulé exclusivement en anglais et j'ai pu mesurer à quel point j'avais progressé dans la langue de Shakespeare! 
Alors donc nous avions rendez-vous à la sortie d'une station de métro au milieu de nulle part (quartier animé loin, loin du centre mais proche de  Cinecittà). De là, des âmes charitables nous ont transférés vers la maison de notre hôtesse. J'ai vaguement reconnu le quartier pour y avoir été au premier  de l'an lors de notre mémorable recherche de la voie Appia Antica. Parmi une forêt d'immeubles cossus, aux rues étroites et encombrées de voitures, K. nous a ouvert son vaste jardin et les portes de sa maison de plain-pied! "Tiens donc, me suis-je dit, autant d'espace dans un quartier aussi densément bâti, comment est-ce possible quand on n'est pas riche à en crever?" K, professeur de langue, m'en bouchait un coin! 
Nous avons très vite compris lorsque qu'un train de banlieue lancé à grande vitesse est passé quasiment au dessus de nos têtes ébranlant le sol, les murs et couvrant le son de nos voix. En fait, ce n'est pas un mais des trains tous les quarts d'heure (au bas mot)  qui longeaient le quartier tout entier! A devenir fou. Il paraît d'ailleurs que Giuseppe est insomniaque!!! L'été il met  son lit dans le jardin afin de ne pas réveiller sa femme qui dort du sommeil du juste. Il profite ainsi  du ciel étoilé,  puisque tant qu'à se pourrir la vie, pourquoi ne pas  savourer les quelques petits bonheurs que lui offre cette magnifique situation?
Nous avons commencé le repas par des pâtes oubliant la tradition italienne (1), des pâtes au saumon à la crème et aux petits pois, des pâtes aux légumes et des pâtes à la tomate sur lesquelles on ne met pas de parmesan! (Crime de lèse-majesté). La taille des gamelles, immenses,  incitait les convives à  se servir copieusement. Nous étions gavés lorsque nous avons  appris qu'un barbecue était en préparation. Le charbon de bois ayant du mal à prendre,  c'est au compresseur que T. a soufflé sur les braises. C'est donc entre passage des trains, bruit du compresseur, aboiement  des deux  chiens effrayés par les invités,  braillage italien en anglais que la soirée s'est déroulée. Coup de bol, il n'y avait pas de musique!
Notre hôtesse nous a servi  dix beefsteaks, un chapelet de saucisses, un poulet et deux énormes salades, nous avons terminé par deux morceaux de gâteaux obligatoires, un excellent  à l'orange et  un étouffe chrétien. Giuseppe a sorti toutes ses liqueurs afin de clôturer dignement la soirée et nous avons  pu tester le cordial offert par les Tchèques! On se serait cru dans un film italien et c'est littéralement béate que je jouissais de la soirée.
Ah, ces Italiens, y a pas à dire, ils savent vivre!
Z., par politesse,  a mangé de tout, je voyais bien qu'elle était au bord de l'apoplexie, elle dodelinait de la tête mais elle ne pouvait tout refuser sans offenser.  D'autres ne se sont pas fait prier! Une des invitées, après les plâtrées de pâtes,  n'a cessé d'enfourner les morceaux de viande avec du pain grillé,  tout en égayant grandement la soirée et en picorant  les biscuits apéritifs et les cacahuètes salées entre chaque plat.  Je ne sais pas où elle a mis tout ce qu'elle a ingurgité, mais je lui tire mon chapeau. 
Peut-être a-t-elle tout vomi ensuite?
(1) Note pour moi-même, les pâtes en Italie se servent en entrée.... ne pas se gaver!

jeudi 7 octobre 2010

Les cimetières

J'avoue avoir un faible pour les cimetières, tous sans exception! J'ai été épaté par celui de Bonifacio. Situé au bout d'un parking particulièrement caillouteux et poussiéreux, (mais somme toute assez représentatif de ce que sont les infrastructures en Corse), il est apparu luxueux sur la pointe face à la mer. Aucune place n'est laissée aux mauvaises herbes dans ce dédale de ruelles et de tombeaux dans les tons rose et blanc, parfaitement entretenus. C'est une débauche de colonnes, de marbres et de béton peint. Pas un chat puisque l'entretien est réduit à sa plus simple expression.
En quoi consiste le recueillement? S'agit-il de pénétrer dans les tombeaux afin de profiter de la fraîcheur dans une stricte intimité? En tout les cas au mois d'août il n'y avait que peu de visiteurs, tous davantage attirés par les rues commerçantes de la ville haute.


Rien à voir avec le cimetière marin de Douarnenez, tout en retenue, fait de pierres grises au dessus du bleu de la mer, vivant puisqu'entièrement fleuri, arborant fièrement des croix au christ supplicié, le visage torturé et miséricordieux tourné vers la mer. Amen! (Ah! Que de piété soudain, ce sont des adjectifs qui se marient bien je trouve et ce n'est pas souvent qu'on peut les utiliser.... )

Juste en dessous, totalement indifférents à perturber le repos éternel des occupants, des Douarnenistes profitent de la plage. C'est une petite plage à l'abri des vents, (des morts devrais-je dire) confidentielle, bondée l'été, accessible à pied par un chemin côtier de toute beauté qui va de la ville à Tréboul.

mercredi 6 octobre 2010

Rome, encore!

Aujourd'hui je suis à Rome. L'année dernière à la même époque, je testais la Corse à Campomoro, cette fois-ci l'automne romain. Au programme travail avec les partenaires tchèques, italiens et allemands mais également visite du Palais Farnèse. Nous avons dû réserver dès le mois de mai et nous n'avons pas vraiment eu le choix ni des dates ni des horaires. L'ambassade de France est un lieu très prisé. Nous dînerons le soir dans le quartier de la place Navonna ou près du Panthéon où Simon's say conseille un super restaurant, j'ai aussi noté les cantines de Chondre. Peut-être irons-nous aussi à l'eau vive, j'aimerais tellement que ma collègue qui bouffe du curé voit le bonheur sur le visage rayonnant des jeunes filles en fleur qui officient dans le restaurant. Si nous avons le temps, j'espère bien les traîner voir le Moïse de Michel-Ange à Saint Pierre-aux liens. Elles ne connaissent de Rome que les vestiges antiques et les fastes du musée du Vatican!
Lécher quelques vitrines ne me déplairait pas.....
Je vous raconte mes aventures dès mon retour qui ne devrait tarder et je vous dis si j'ai réellement fait des progrès en Anglais après trois semaines de stage intensif dans ma voiture....
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