mercredi 15 juillet 2009

Le vertige et le ciel de la Kolyma d'Eugénia Guinzbourg.


Honte à moi! Je découvre très tardivement les livres d'Evguénia S. Guinzbourg, le Vertige et le ciel de la Kolyma. C'est dans deux vieilles éditions toutes jaunies chez Points roman de 1981 et de 1983 que je dévore ces deux admirables récits!
A court de livres forts pour mon été, j'ai appelé au secours une amie mienne, grande lectrice devant l'éternel qui m'a exaucée en me livrant un énorme sac rempli de nourritures culturelles me disant, tu les as forcément lus. Eh non !
Tant mieux en un sens, puisque j'occupe mes après-midis, plongée dans ces récits des purges staliniennes de 1937 vécues par une femme intellectuelle et communiste convaincue. Arrêtée après un simple coup de fil qui lui demande de se rendre à un rendez-vous, elle connaît tour à tour les interrogatoires absurdes par des fonctionnaires qui eux-mêmes finissent par être arrêtés, l'isolement pendant deux ans ponctué de cours séjours en cachot disciplinaire à chaque anniversaire marquant de la Révolution d'octobre, puis la déportation dans le wagon à bestiaux n°7 vers Vladivostok, avant la Kolyma où elle restera jusqu'après la mort de Staline (1953).
En courts chapitres, elle y relate sa vie de manière précise, limpide, bercée par les poèmes qu'elle se récite et dit à ses compagnes de captivité, la joie qu'elle a d'entrevoir un petit morceau de ciel que la cruauté bureaucratique fini par occulter, la laissant croupir dans l'humidité et les moisissures, sa lutte pour garder sa dignité de femme sous des hardes informes. Elle réussira à cacher son soutien gorge coûte que coûte.
On baigne dans un univers féminin digne, solidaire, fraternel, joyeux malgré tout.

C'est un des premiers récits de captivité rédigé par une femme que je lis et j'y trouve une légèreté qui n'existe pas vraiment dans les récits masculins. L'ouvrage est très bien écrit, l'écriture est aisée et rend inutile, la compilation que constitue l'ouvrage d'Applebaum, Le Goulag, une histoire des camps, puisée dans tous les récits qui ont pu être faits depuis 1953, enrichie par la lecture des archives et des mémoires non plubliées. Le Vertige suffit à nous faire comprendre ce que fut la répression stalinienne.

mardi 7 juillet 2009

Psychopathes...


Mon conjoint est un psychopathe du cintre et j'aurais tout aussi bien pu intituler ce billet "le mystère des cintres fantômes" sauf que je sais parfaitement où ils finissent. Tous les week-ends après avoir amoureusement repassé ses chemises avec force vapeur, il les suspend à un ou plusieurs cintres et les emporte là où il travaille .... Ma collection diminue dramatiquement et je dois en acheter régulièrement. A la question, " tu dois en avoir un bon stock?" La réponse est sans appel, c'est non! J'ai donc développé une stratégie afin de débusquer l'addiction. J'achète des laids, des noirs et des violets, de ceux que l'on repère à 20m et qu'on ne peut oublier! Las, ils disparaissent quand même. Je n'ai pas osé acheter des immondes en ferraille qui laissent de la rouille sur les chemises, il épuiserait le stock des plastiques et me laisserait les fils de fer!
De temps en temps, de son coffre, discrètement il extirpe une dizaine d'objets si appréciés. Cela fait un certains temps qu'il n'a rien ramené. Tous les noirs et tous les violets ont disparu!

"Si ça vous fait plaisir, c'est de bon coeur!" C'est la caissière du supermarché, qui voyant mon stock dans le caddy a eu pitié de la zézette en moi, elle m'en a proposé une bonne vingtaine, qu'elle a extirpé de sa poubelle, des en plastique, noirs, fragiles et moches mais utiles. J'ai donc récupéré les précieux objets et je les offre avec plaisir tous les dimanches. Pour le moment, mon problème est réglé!

Je ne suis psychopathe de rien du tout. Du moins je le pense, or il n'y a pas si longtemps mon homme à moi a fait un inventaire des bouteilles de shampoing qui s'accumulent sous le lavabo, sur le caillebotis de la douche, dans le cagibi, tout heureux d'étaler au grand jour mon addiction. Des spéciaux pour cheveux, longs, blonds, bruns, bouclés, secs, permanentés, décolorés, fourchus, blancs ... auxquels s'ajoutent les démêlants! Je pense que la jalousie pour nos crinières de sauvageonnes à jouer en notre défaveur.
Pour être honnête, je fais aussi une fixation sur les boîtes de sardine, j'ai toute la collection de l'usine locale. Peu importe, c'est comme le vin, plus elles vieillissent, meilleur c'est!
Certains produits utiles à la cuisine s'accumulent et on découvre alors qu'il faudra plusieurs couscous ou ratatouilles pour les éliminer, qu'il faut cesser d'en acheter.... Jusqu'au jour où en en ayant vraiment besoin on découvre avec horreur qu'il n'y en a plus.

Le stockage reste un problème pour les produits frais. Mon frigo est toujours plein mais c'est une illusion car le geste magique qui consiste à l'ouvrir afin d'y trouver ce qui calmera la faim est une aventure risquée.
Il n'est pas rare d'extirper une boîte de raviolis frais sous vide périmée depuis un mois et demi .... Après test, ça ne rend pas malade, on survit à la nuit sans squatter les toilettes. Les enfants ont le chic pour débusquer la tomate pourrie écrasée entre deux courgettes jaunies par la vieillesse, la petite noisette de beurre rance toujours enveloppée dans son papier à carreaux bleus et blanc au sel de Guérande, la coriandre dégoulinante dans son sac en plastique (ça ne se conserve pas du tout la coriandre), le morceau de fromage de chèvre dur comme la pierre, perdu au milieu des escalopes de poulet (non périmées), les yaourts de plus de trois mois, le morceau de magret de canard séché rapporté en février de la montagne....Il y a aussi des bols et des jattes pleines des restes du week-end: les morceaux de lapin que personne n'a voulu manger (qu'on ne mangera jamais d'autant qu'ils ont refroidi dans leur gras), la salade de tomates aux oignons et aux herbes imbibée de jus de vinaigrette après deux jours de trempages, la soupe en sachet que l'on ne peut plus identifier. Etait-ce de la soupe thaï, le velouté aux asperges, le potage aux 9 légumes? Ce n'est plus qu'un jus saumâtre ou surnagent quelques vermicelles. Il y a aussi les six pots de confiture, les trois plaquettes de beurre, les 20 yaourts nature (j'ai abandonné depuis plusieurs mois les yaourts aux fruits certains comme ceux aux cerises finissaient à la poubelle) les deux pots de crème fraîche, le concombre, les lardons, les compotes, le chocolat blanc, noir, au lait, la moutarde, les cornichons, les patates, le gingembre, le ketchup, les oignons, l'ail, le persil .... y a de tout dans le frigo sauf ce qui se mange tout de suite, qui satisfait la fringale de l'adolescent.
Bref, c'est la caverne d'Ali baba, le musée des horreurs, l'antichambre de la poubelle. Régulièrement après une moue de dégoût de quelques utilisateurs dépités de ne pas y avoir trouvé pitance, il me prend l'envie d'endiguer tout développement de bactéries perfides, le ménage s'impose, l'éradication radicale avec eau de javel, gants Mapa et la poubelle sous la main.
J'ai honte, mais ça fait beaucoup rire les enfants qui ont l'occasion de visiter d'autres frigos, exemplaires ceux-là. Des réfrigérateurs qu'on ne remplit que lorsqu'ils sont vides et de manière scientifique. Les critiques fusent mais au final ils aiment ce qui en fait l'originalité, son apparente plénitude et la franche rigolade à l'exhumation du produit rare oublié depuis plusieurs mois, couvert de poils verts de gris ....
Récemment j'ai testé l'épreuve du frigo vide, ils n'ont pas aimé ...


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