vendredi 10 janvier 2014

Terrrible bivouac ..


Spectacle, ce soir, dans un lieu improbable, sous un hangar tout pourri du parc des expositions de Quimper, promis à la démolition. Coup de bol, pour une fois la température est très basse, un petit 4° au compteur vers 22h, ça tombe bien, il s'agit de se cailler les miches afin d'apprécier au plus près ce qu'ont ressenti deux jeunes gars de la ville, fans d'alpinisme et de courses en montagne déterminés afin de réaliser une hivernale, jamais expérimentée jusqu'alors. 
Les spectateurs sont assis parterre sur des cartons, les organisateurs distribuent des couvertures polaires mais la majorité est venue avec ce qu'il faut: bonnets, duvet, gants, gros pull et même moon boots. Le spectacle est aussi dans la salle, les croquenauds du voisin emmitouflé dans une couverture en laine, côtoient le pouf d'une dame en bonnet à pompom duveteux. Deux ou trois dans mon collimateur, ont piqué, malgré l'inconfort, un petit roupillon. Il est vrai que la mise en scène est minimale, des fausses bougies, le bruit des séracs qui s'effondrent pendant les nuits, des notes de clavecin en "live" ... Sur trois estrades, trois actrices font le récit de la mort de  François Henry et Jean Vincendon en janvier 1957 après dix jours de montagne, à plus de 4000 m dont 5 ou 6 jours de bivouac. Au bout d'une heure, on ne peut que remarquer le bruissement des popotins fatigués d'être assis parterre dans des positions guère confortables.
Rien de bien nouveau dans cette narration que l'on ne sache déjà, froide, impartiale me semble-t-il même si l'armée est lourdement condamnée pour son inertie, justifiée alors par les évènements d'Algérie et les intérêts des industries aéronautiques ; je ne connaissais que celle de Paris Match. J'ai bien envie de me lancer dans les ouvrages de Yves Ballu Naufrage au Mont-Blanc ou de Bonatti Montagnes d'une vie, qui, lui, a réussi à sauver son client.
Les déclamations des actrices sont très pédagogiques, on sort parfaitement informé, avec un souvenir très précis des évènements. La fin est tragique et j'avais en mémoire les photographies de François Henry figé en position agenouillée, raide, les bras gelés jusqu'aux coudes, sans gant, les jambes prises dans la glace au delà du genou, le visage mangé par le gel.
En cadeau, à la fin, en plein air, dans la nuit étoilée mais toujours très humide, un  verre de vin chaud est offert qu'on peut siroter autour de brazeros. C'est chaud mais ça pue (vomir le pinard bas de gamme chauffé avec des rondelles d'orange). J'avais les pieds gelés, pas d'amputation en vue toutefois, le chauffage de la voiture fut plus efficace afin de réchauffer mes extrémités douloureuses.
(voir également le blog Cairn d'Yves Ballu) ..

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